LA REPARTITION DES EXCEDENTS DANS LES CAISSES POPULAIRES HAÏTIENNES

La question de la Ristourne

L’exercice comptable de la plupart des caisses populaires haïtiennes commence le 1er octobre pour se boucler le 30 septembre de l’année suivante. L’article 41 de la loi haïtienne sur les Coopératives d’Epargne et de Crédit accorde jusqu’à six mois aux caisses pour tenir leur assemblée générale. Cette dernière a pour objet, entre autres, de statuer sur la répartition des trop-perçus annuels,   selon article 43 de la loi. Il s’agit donc d’un exercice démocratique qui  devrait être difficile et houleux tant les intérêts pourraient être divergents. Dans la réalité, cette partie de l’assemblée se passe comme une lettre à la poste, sans débat, et parfois sans sanction ou décision de l’assemblée. Au regard de la philosophie coopérative et de la loi de 2002 sur les coopératives, nous analyserons la répartition des excédents dans les caisses populaires haïtiennes.  La distribution de la ristourne sera placée au centre de ce débat.

La première coopérative moderne, formelle et bien structurée  a pris naissance à Rochdale en Angleterre en 1844 : les équitables pionniers de Rochdale. Elle était l’œuvre de 28 ouvriers tisserands dont les maigres salaires ne les permettaient pas de subvenir à leurs besoins. Ils vivaient dans la pauvreté. Ils se réunirent un samedi et se demandèrent « quel sont les  moyens les plus efficaces pour améliorer la situation du peuple. » (Camille Lamothe, 1958). Ils finirent par créer la « Société des équitables pionniers de Rochdale », enregistrée le 24 Octobre 1844, avec un capital initial  ne dépassant pas soixante-quinze dollars. 

La coopérative « Les Equitables Pionnier de Rochdale » se basait sur les fondements tels : adhésion libre et volontaire ; l’intérêt limité sur la part sociale à 6% du capital ;  la ristourne au prorata des transactions avec les membres ; la vente au comptant ; l’éducation et formation des membres… Les excédents étaient fondamentalement utilisés pour la distribution équitable des ristournes au prorata des affaires traitées par le membre avec sa coopérative.  « George Jacob Holyoake, un des derniers témoins de la création et l'historien précis et chaleureux des Equitables Pionniers de Rochdale […] rappelait que les 28 tisserands qui avaient fondé en 1844 la coopérative de consommation de Rochdale avaient choisi le nom d’Equitables Pionniers parce que ce terme impliquait le partage équitable des gains entre les salariés et les consommateurs. » (PRINCIPES COOPERATIFS ? LESQUELS ? François Espagne ancien secrétaire général de la Confédération générale des Sociétés Coopératives Ouvrières de Production).

La déclaration de 1995 sur l'identité coopérative qui a reformulé et complété les principes coopératifs affecte « les excédents à tout ou partie des objectifs suivants : le développement de leur coopérative, éventuellement par la dotation de réserves dont une partie au moins est impartageable, des ristournes aux membres en proportion  de leurs transactions avec la coopérative et le soutien d'autres activités approuvées par les membres.» L’excédent est donc affecté au développement de la coopérative dont la constitution de fonds de réserve, à la distribution des ristournes aux membres et aux activités communautaires. Pour Guy Tchami du Service des Coopératives au  Bureau International du Travail, Genève « … le profit […] est soit réinvesti dans la coopérative, soit gardé en réserves ou encore redistribué aux membres en proportion de leurs transactions avec la coopérative. Ce procédé, appelé ristourne permet aux membres de se distribuer l’excédent éventuel. »

D’après la loi haïtienne sur les coopératives d’épargne et de crédit les excédents doivent être ainsi répartis :
·         10% des trop-perçus au  « Fonds de Soutien aux Coopératives » gérés par la BRH  (article 61) ;
·         10% des trop-perçus au fonds de réserve. Ce prélèvement cesse d’être obligatoire quand le fonds de réserve atteint un montant qui correspond au double de celui du capital socia  ( Article 63) ;
·          « Toutes les fois que ses fonds propres sont supérieurs ou égaux aux fonds propres réglementaires, une CEC peut, par règlement, établir un fonds devant servir à des fins sociales ou communautaires. Il ne peut affecter à ce fonds plus de 10% du montant attribué en ristournes. Les sommes affectées au fonds doivent être utilisées par le conseil d’administration dans les trois (3) ans de leur affectation. À défaut de quoi, elles sont versées dans le fonds de réserve » (l’article 64) ;
·         Le solde est distribué aux sociétaires au prorata des affaires traitées par chacun d’eux avec la CEC et non au prorata du nombre de parts sociales détenues par chaque sociétaire, d’après l’article 66.  
D’après l’article 65 l’affectation des trop-perçus annuels des CEC est déterminée par l’Assemblée générale sous réserve des dispositions de la loi. Elle doit aussi tenir compte des normes ou exigences faites par la BRH en matière de fonds propres.

Dans la pratique, dans le bilan des Caisses Populaires haïtiennes, les excédents sont répartis entre les différents comptes ou fonds. De ses huit millions gourdes d’excédent de cette année la caisse SUCCES de Jacmel a affecté 10% en réserve légale, 10 % au fonds social et communautaire, 20 % au fonds de prévoyance et 60% au fonds de construction. La Caisse Ressource confiance a alloué  en 2013  10% au réserve légale, 20% au fonds de prévoyance, 10 % au fonds social, 30 % au ristourne, 15% à l’éducation et la formation et 45 % au le fonds de construction.

En fait, il y a trois affectations légales du surplus des Caisses : le Fonds de Soutien aux Coopératives qui n’est pas encore exigé par la BRH,  la réserve légale qui est de 10% et un fonds social et communautaire qui est de 10% de la ristourne. La plupart  des fonds trouvés dans le bilan des caisses à titre d’affectations des excédents ne sont ni légales,  ni statutaires. A l’exception du fonds de Soutien aux Coopératives et de la réserve légale, tous les autres fonds devraient être créés par les statuts ou les règlements avec une définition, une justification et surtout une procédure d’utilisation.

Le fonds social et communautaire de 10% des excédents ne répond pas aux normes de la loi. Il devrait être inférieur ou égale à 10% du montant attribué en ristourne. Etant donné que les caisses n’octroientt pas de ristourne, elles ne devraient pas constituer ce fonds.

Quand en est-il du fonds de prévoyance ? Il n’est ni légal, ni statutaire et représente une « aberration comptable ». Pour l’année 2013, ce fonds cumulé s’élevait à 20 millions de gourdes pour la COOPECLAS, 12 millions pour la Ressource Confiance de Marigot et 71 millions pour la CAPOSAC. Ce fonds représente, en fait, les bénéfices non réparties qui grossissent purement et simplement les avoirs de la Caisse. Il est loin d’être le fonds de prévoyance des caisses de l’ancienne école, une sorte de fonds de solidarité pour supporter les membres et la communauté dans leur vulnérabilité face aux aléas de la vie.  Il correspondait à la caisse rouge des Mutuelles de Solidarité.

Le fonds pour la construction et celui pour l’investissement ne sont non plus ni légaux, ni statutaires et ne sont pas vraiment nécessaires. Beaucoup de caisses ont acheté ou fait construire leur somptueux local sans avoir recours à un tel fonds. D’autres ont dépensé pour leur construction des sommes beaucoup plus élevées que leur fonds dédié construction. Avec l’existence d’un tel fonds, une caisse pourrait bien un jour créer un fonds pour l’acquisition d’un véhicule ou d’un ordinateur.

S’il y a un fonds qui n’apparait presque pas dans les bilans ou les affectations du surplus de nos caisses, et qui devrait l’être de façon obligatoire au regard de la philosophie, des principes et de la loi sur les caisses en Haïti, c’est la ristourne. Quand, il apparait, il s’agit le plus souvent d’un bonni sur intérêt perçu sur le crédit. Les dirigeants affirment que le calcul de la ristourne au prorata des affaires traitées est trop compliqué. Prétexte !

Article 66 de la loi de 2002 est claire : « Les trop-perçus annuels sont affectés, après les prélèvements légaux, en priorité, selon les dispositions de l’article 67 de la présente loi. Le solde est distribué aux sociétaires au prorata des affaires traitées par chacun d’eux avec la CEC… »

Pourquoi les caisses créent une multitude de fonds pour l’affectation des excédents, des fonds qui ne sont ni légaux, ni statutaires et qui ne répondent pas aux exigences comptables ? La réponse la plus plausible semblerait que les dirigeants et les managers des caisses veulent cacher la réalité financière des caisses pour ne pas succomber aux réclamations légitimes de ristournes des sociétaires.

« En 1937, nous confie François Espagne ancien secrétaire général de la Confédération générale des Sociétés Coopératives Ouvrières de Production, la ristourne était le seul emploi des excédents élevé à la dignité de principe. On était ici dans la très droite ligne de la tradition rochdalienne : le cher George Holyoake rappelait avec détails, dans son History of Cooperation, comment l'invention de la ristourne, due à l'un des fondateurs des Equitables Pionniers, Charles Hobarth, avait sauvé la société de Rochdale de l'échec qu'avaient connu les autres expériences de coopératives de consommation, en fidélisant les épouses des membres, à qui le versement de ces petites sommes accumulées sur leur compte permettait périodiquement de s'offrir un vêtement. » Frantz Prinvil, ex-directeur général du Conseil National des Coopératives, fondateurs influents de la caisse KOTELAM et cadres ayant contribué à la création de plusieurs caisses populaires, en dit mieux. Il raconte l’histoire d’un paysan qui après avoir reçu quelques gourdes en ristourne a eu à déclarer : « mwen resi pwal achte piki pou doulè m an » (Je vais enfin acheter la piqure pour traiter mon rhumatisme). Il investit sa ristourne dans sa santé. Sa caisse ne peut faire mieux pour lui.

La volonté de ne pas distribuer des ristournes fait partie des péchés originels des caisses populaires haïtiennes. En effet, à la fin des années 90 du siècle dernier, le mouvement des caisses populaires haïtiennes a connu sa renaissance ou sa première révolution. Avec l’appui de DID, des caisses ses sont relancées, d’autres sont créées sur de nouvelles et solides bases avec des outils comptables et des gestionnaires formés. A ce stade, il était conseillé aux caisses d’affecter la totalité de leurs excédents déduits des réserves légales à leur croissance. Ce qui était logique. La rentabilité et la croissance était le mot d’ordre. 

Wikipedia: Quadrilatère de Henri Desroches
M= Manager, A= Administrateur, E+ Employé et S= Sociétaire
Aujourd’hui, après 15 à 20 ans de cette politique, nos caisses ont connu une croissance exponentielle  et sont très rentables. La caisse SUCCES vient réaliser 8 % d’excédent sur son actif. La Caisse Espoir a engrangé près de 24 millions de gourdes d’excédent pour son dernier exercice. Aujourd’hui encore les dirigeants et les gestionnaires des caisses sont toujours obsédés par la croissance et la rentabilité. Il s’agit de péchés originels qui leur collent à la peau. Nous vivons aussi la fracture du quadrilatère coopératif d’Henri Desroches où le pôle gestionnaire (administrateurs + managers) s’entend au détriment des sociétaires et employés, qui sont eux aussi divisés.

Pour Guy Tchami du Service des Coopératives au  Bureau International du Travail « Un point essentiel ici est qu’il doit être gardé à l’esprit que l’objectif premier de la coopérative est de répondre aux besoins de ces membres et non de réaliser un excédent maximum contrairement aux entreprises capitalistiques. La non-existence d’excédent dans la coopérative, n’est en rien préjudiciable, bien au contraire car l’absence d’excédent peut être le signe que les membres ont bénéficié de services de la coopérative au plus bas coût possible.»

L’excédent c’est le montant qui reste après avoir honoré toutes les dépenses. Au départ les caisses avaient  besoin de beaucoup d’excédents pour croitre et capitaliser. Aujourd’hui avec plus de 30% de capitalisation – alors que la BRH exige 12.5 – est-il encore nécessaire de poursuivre cette course à la croissance et à la rentabilité élevées ?

Dans les assemblées des caisses populaires, il y a trois revendications  qui reviennent annuellement : la diminution des taux d’intérêt sur le crédit  – les sociétaires veulent la marchandise à meilleur prix,  la ristourne promise dans les séances de formation et l’investissement dans d’autres secteurs, notamment sociaux comme l’éducation, le logement, le transport.

Il est évident que les sociétaires veulent des services financiers et non financiers en qualité et en quantité croissantes, et à meilleur prix. C’est d’ailleurs l’objet fondamental de la coopérative. Nos caisses populaires sont aujourd’hui assez grandes et fortes pour répondre progressivement aux besoins de leurs membres, la distribution des ristournes y compris. Les excédents, aussi modestes, devront être affectés au développement de la coopérative, à la distribution des ristournes aux membres au prorata de leurs transactions et aux activités communautaires. Il faut maintenant se défaire des péchés originels de la forte rentabilité et de la croissance  élevée pour transformer les grandes caisses en de belles caisses. Il nous faut la 2ème révolution des caisses haïtiennes. Une révolution économique, sociale, technologique, environnementale où la satisfaction des besoins et le développement des parties prenantes : sociétaires, collaborateurs et la communauté seront sacralisés.

Nonais Derisier
25 janvier 2015






LES COOPERATIVES: UNE ECOLE D’APPRENTISSAGE DE LA DEMOCRATIE


Le cas de la caisse populaire SUCCES de Jacmel


La transparence, la reddition  des comptes, l’obligation des résultats, le choix libre des dirigeants par voie électorale constituent des composantes fondamentales de la démocratie occidentale. En Haïti, depuis près de trois décennies ou même plus, beaucoup de salives, d’encres et de sangs ont été versés sur le chemin menant vers la démocratie. Les résultats sont maigres, s’ils ne sont pas  nuls voire négatifs. A titre d'illustration: notre nouveau premier ministre  a déclaré sur les ondes de la radio vision 2000 et je cite « la transparence a ses limites. » Notre ex-premier ministre n’a pas répondu à plusieurs invitations et convocations du parlement, donc il ne rend pas compte de sa gestion de la chose publique. La nation n’arrive pas à organiser des  élections pour renouveler les élus. Les précédents gouvernements n’ont pas fait mieux. On a en mémoire un premier ministre qui a soumis au parlement un album de photos comme preuve de réalisation en guise de rapport de dépense. 

Les coopératives haïtiennes, particulièrement les caisses populaires, se prêtent régulièrement aux exercices démocratiques. Elles organisent annuellement une assemblée générale – la réunion de tous les sociétaires- pour la reddition des comptes de la gestion des élus par devant l’assemblée générale et aussi pour inviter les membres à choisir librement leurs dirigeants par voie électorale.

Ce dimanche 18 janvier 2015, les sociétaires de la Caisse SUCCES de Jacmel ont, une fois encore, expérimenté la vie  démocratique coopérative. La caisse a tenu sa treizième assemblée générale au  local de la douane fraichement aménagée en Centre de Convention sis aux abords du wharf de la magnifique baie de Jacmel.  Depuis quatorze ans, SUCCES renouvelle cet exercice tous les ans. Ils étaient plus de 600 sociétaires et des sympathisants et amis de la caisse à participer à cette grande manifestation coopérative.

Au beau milieu de la journée, après les 12 coups de midi, la président Mme Marie-Ange Dagrin Lindor déclare l’assemblée ouverte en fonction des pouvoirs que lui confère la loi. Et elle invite l’assistance à se mettre debout pour cantonner l’hymne national et l’hymne coopérative. Puis le secrétaire, Mr Brice-Samson Louis, procède à la lecture de l’avis de convocation, de l’ordre du jour et du procès-verbal de la dernière Assemblée Générale.  Suite à ces formalités, la Présidente revient à la barre pour présenter le rapport du Conseil d’Administration de la Caisse.  Après avoir présenté brièvement la situation non luisante de l’économie haïtienne, elle a présenté les principales réalisations de sa caisse pour la période close au 30 septembre 2014. Citons, entre autres : la formation de deux cent sociétaires, la création de nouveaux produits de crédit pour les petits marchands et les entrepreneurs, etc. La présidente a aussi présenté la performance financière de la caisse et les principales activités à réaliser pour le prochain exercice. La caisse poursuivra le programme de formation pour les sociétaires, elle fera de la promotion pour augmenter son membership, offrira le service chéquier, utilisera de la technologie pour imprimer les écritures sur le carnet des sociétaires... La grande nouvelle : la caisse SUCCES sera logée dans son propre local. Elle a fait l’acquisition d’un immeuble qui est restauration.  Les institutions comme les individus éprouvent toujours du plaisir pour laisser le loyer et rentrer chez soi. Enfin, la présidente a remercié toutes les institutions et les personnes qui ont contribué au succès de la caisse SUCCES.

Après la présidente, il revient à la Directrice, Mme Ketsia Métellus Janvier de présenter les rapports financiers de la Caisse : le rapport de vérification, le bilan, les états de la répartition et de la trésorerie. Les principaux indicateurs financiers de la caisse ont connu une croissance de 8 à 30%. L’actif de la caisse est de près de cent dix millions de gourdes. Il a accusé une croissance de près  de 15 %. Les portefeuilles d’épargne et de crédit s’élèvent respectivement à soixante-douze millions et soixante-deux millions de gourdes. Ils ont cru de 20 et de 25 %. L'avoir et les excédents de la caisse sont respectivement de trente-sept millions et de huit millions de gourdes. La caisse est très rentable avec 8% de l’avoir sur l’actif. Elle est aussi très solide avec un taux de capitalisation de 34 %. SUCCES engage seize collaborateurs et collaboratrices et dessert douze mille six cents membres.

Le comité de crédit et le comité de surveillance  ont soumis à l’assemblée leur rapport tour à tour. Le portefeuille de crédit de la caisse s’élève à plus de soixante-et-un millions gourdes. Plus de mille prêts ont été accordés totalisant plus de quatre-vingt-huit millions de gourdes. Le comité de crédit n’a pas déclaré les secteurs d’activités financés, ni la portion de crédit octroyée aux femmes et aux personnes vivant en milieu rural. De son côté le comité de surveillance affirme que la caisse est bien gérée et que les dirigeants et le personnel méritent la confiance des sociétaires.

Après la présentation des différents rapports, la parole a été confiée aux sociétaires pour questionner, commenter et faire des propositions. Un vrai  exercice démocratique ! Les dirigeants ont, comme de bons serviteurs, répondu aux questions et surtout écouté les membres de la caisse. Mr Hebert Lahatte, l’un des membres fondateurs de SUCCES en a profité pour manifester sa satisfaction pour le chemin parcouru par sa caisse. L’assemblée s’est terminée après la tenue des élections pour combler les postes vacants dans les différent conseil et comités.

Plusieurs invités ont honoré l’assemblée de leur présence : Dorlus Jackson de l’ANACAPH, Sony Exantus de Le Levier ainsi que les responsables des  Caisses Espoir, Confiance, Avenir, Petite Epargne. Ils se sont exprimés pour féliciter les sociétaires et les responsables de la caisse.

La Caisse SUCCES a une très bonne participation des femmes à des postes de décision. Les postes de la présidence du Conseil d’Administration et du comité de crédit, la Direction Générale et des opérations sont tous occupés par des femmes.

Nos coopératives, particulièrement nos caisses populaires, organisent annuellement une Assemblée Générale pour présenter des rapports financiers vérifiés par des comptables externes et des rapports de gestion, pour répondre aux questions des sociétaires et pour procéder à des élections en vertu du principe : une voix, un vote.  Elles entretiennent aussi la séparation des pouvoirs : le pouvoir de l’Assemblée Générale, l’autorité suprême qui élit les dirigeants et prend les grandes décisions en vertu de la loi et des statuts ; le pouvoir du conseil d’administration qui  met en œuvre les décisions de l’assemblée ; le pouvoir  du comité de crédit - pour les caisses - qui administre le crédit de façon souveraine  et le pouvoir de contrôle du comité de surveillance. Les coopératives procèdent aussi à la séparation entre la fonction de décision du conseil d’administration, et celle d’exécution de la direction chargée d’assurer la gestion quotidienne des services. Nos coopératives sont des organisations profondément démocratiques, une école d’apprentissage des pratiques de la démocratie. D’ailleurs, la formule coopérative est enseignée aux jeunes écoliers pour leur apprendre à vivre ensemble, à prendre des décisions, à s’organiser, à respecter les principes, à développer leur leadership …

Nonais Dérisier
19 Janvier 2015


12 bonnes raisons pourquoi les coopératives aident à bâtir un monde meilleur


Caisse Populaire Sainte-Anne de Camp Perrin
1. Les coopératives sont des organisations DÉMOCRATIQUES appartenant à leurs membres et dirigées par ceux-ci selon la règle : un membre, un vote.
2. Les coopératives sont des entreprises GUIDÉES PAR DES VALEURS et fondées sur sept principes coopératifs reconnus à l'échelle mondiale.
3. Les coopératives poursuivent des objectifs SOCIAUX et ÉCONOMIQUES et placent les gens avant les profits.
4. Les coopératives sont plus DURABLES que les autres types d'entreprises. Une recherche démontre que les nouvelles coopératives sont plus susceptibles de demeurer actives que les autres entreprises et qu'elles résistent mieux aux ralentissements économiques.
5. Les coopératives font partie d'un MOUVEMENT PLANÉTAIRE dynamique qui compte plus d'un milliard de membres dans le monde.
6. Les coopératives sont ANCRÉES DANS LEURS COMMUNAUTÉS, les emplois et la richesse qu'elles créent restent dans les collectivités où elles sont établies.
7. Les coopératives AIDENT les gens à prendre leur propre destinée économique en main.
8. Les coopératives respectent L'ENVIRONNEMENT et sont reconnues comme des chefs de file en matière de développement durable.
9. Les coopératives sont les entreprises de choix pour d’un MILLIARD DE PERSONNES.
10. Les coopératives sont établies PARTOUT dans les petits villages et les grandes villes de la plupart des pays du monde. Elles sont actives dans presque tous les secteurs de l'économie, depuis la vente au détail jusqu'aux services financiers, en passant par l'agriculture, le logement et les soins de santé.
11. Les coopératives COOPÈRENT les unes avec les autres à l'échelle locale, provinciale, nationale et internationale.
12. En proclamant 2012 ANNÉE INTERNATIONALE DES COOPÉRATIVES, les Nations Unies ont reconnu l'important rôle que jouent les coopératives dans le développement social et économique des communautés du monde entier.

http://www.coopscanada.coop/fr/orphan/12-raisons

POUR UNE RECONNAISSANCE DU SECTEUR COOPERATIF HAITIEN

Haïti-Coopérative
600 000 coopérateurs et 4 milliards de gourdes d’actif : les Coopératives haïtiennes, une force économique, sociale et politique.
La République d’Haïti s’enlise dans une crise politique conjoncturelle sur fond de crise structurelle. Pour sortir de la partie conjoncturelle de cette crise en aboutissant à des élections, le Président de la République a signé un accord avec des partis et particules politiques le 11 Janvier 2015. L’article 3 de cet accord stipule que « Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) sera constitué selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution […]. Pour y parvenir les membres du CEP seront proposés par divers secteurs de la société civile haïtienne … ».
L’article 5 de cet accord liste les entités à faire partir de ce CEP et omet le secteur coopératif.  L’article 289 de la constitution de 1987 exige qu'un des neuf membre du CEP soit proposé par le Conseil National des Coopératives. Etant donné que le CNC est un organe du gouvernement, en 1987 et en 1990, un représentant du secteur coopératif avait siégé au CEP. Dans ces deux CEP, ce poste a été occupé par Philippe Jules, membre de la Caisse Populaire Petite Epargne de La vallée et fondateur de la caisse Espoir de Jacmel.
L’accord du 11 Janvier, omettant le secteur coopératif de la liste des secteurs proposés pour la constitution du CEP, est une violation de la lettre et de l’esprit de la constitution mais  aussi un déni et une non-reconnaissance du secteur coopératif haïtien.
En Haïti, près  de 200 coopératives sont enregistrées auprès des autorités compétentes dont près de 50 Caisses Populaires et de 150 coopératives non financières, agricoles en grande partie. Probablement, il y aurait autant de coopératives fonctionnant sans autorisation. Les coopératives agricoles évoluent non seulement dans des secteurs stratégiques comme le café, le cacao, la mangue, mais aussi dans des filières liées à la sécurité alimentaire comme le riz et la culture maraichère.
L’ensemble des coopératives haïtiennes représenteraient plus de 600 000 membres soit près de 10 % de la population âgée de 18 ans et plus. En 2011, les caisses populaires avaient plus de 600 000 déposants (Lhermite Francois: Recensement de la Microfinance 2010-2011). Les Caisses Populaires auraient un actif qui dépasse les quatre milliards de gourdes avec  plus de deux  milliards en crédit, entre autres, dans la production agricole, dans des prêts au logement dans un pays où les banques ne font pas du crédit à la production en générale ni à la production agricole en particulier, martèle souvent le Gouverneur de la BRH.
Le secteur coopératif représente un pan important de l’économie haïtienne et mérite d’être reconnu comme l’ACI (Alliance Coopérative Internationale) et l’ONU reconnaissent la contribution des Coopératives à la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et l’intégration sociale, et pour qui les coopératives sont des entreprises  pouvant contribuer à l’avènement d’un monde meilleur.
Les coopératives haïtiennes  représentent des bougies allumées dans les ténèbres du marasme de l’économie haïtienne.  Que la nation sache combien ses coopératives sont utiles et combien elles contribuent à la création de richesse dans le pays !  Que la nation se mette à l’école des Coopératives pour apprendre des leçons de modernité, de gestion transparence, de reddition des comptes, de responsabilité sociale et économique et de démocratie !
Aux responsables des coopératives, il est temps de  vous vous unir dans une grande Alliance Nationale Coopérative (ANC) pour promouvoir le mouvement et faire reconnaitre son poids social, économique et aussi politique ! 600.000 coopérateurs ! Nous devrions représenter une force  capable de faire balancer la nation dans la direction du développement économique, sociale et politique durable.
Un pour tous et tous pour un !

Nonais Dérisier
12 Janvier 2015


Le souvenir de la douleur !

Le souvenir de la douleur !
Par Gary Marcelin

Le souvenir du bonheur n'est pas du bonheur, le souvenir de la douleur, c'est de la douleur encore.

En ce cinquième anniversaire du cynique tremblement de terre qui a semé le deuil dans chacune des familles haïtiennes, nous autres du secteur coopératif haïtien, nous nous souvenons. Nous nous souvenons des trois cent mille sacrifiés qui ne comprendront jamais pourquoi c'étaient eux et dans une telle circonstance; nous nous souvenons surtout de ces valeureux militants  coopérateurs et pas des moindres qui ont été arrachés de leurs rêves de voir ce pays sortir des gouffres de la misère par la coopération; nous nous souvenons aussi de ces dynamiques sociétaires qui construisaient religieusement leur vie grâce à leur caisse populaire. Nous nous en souvenons et nous implorons le ciel à ce qu'ils ne soient morts pour rien.

Nous nous souvenons aussi des innombrables pertes matérielles subies par certaines de nos caisses. Mais aujourd'hui avec quelle fierté nous pouvons constater que la détermination farouche de chacun et de tous a vaincu la peur et le découragement.

Gloire et Honneur à ces Preux !  Ils méritent de la Patrie !

En ce jour du 12 Janvier 2015, au-delà du souvenir de cette triste commémoration, nos réflexions doivent tourner vers cette union véritable qui nous manque et qui nous empêche d'atteindre bien des horizons. Nous pouvons quand nous le voulons. Le cri de cœur de notre Patriarche Edouard Tardieu résonne encore " Ou s'unir ou périr". Nous avons trop de choses en commun pour laisser quelques futilités nous séparer. Partons ensemble vers la conquête de cet idéal de l'unité dans la diversité et l'histoire bénira nos mémoires.

Profondes sympathies, donc, à toutes celles et tous ceux qui ont une raison bien spéciale pour ressentir la décevante douleur du 12 Janvier 2010.

Texte de Gary Marcelin, mis en ligne par Nonais Deriser le 12 janvier 2015