LE COMITE DE SURVEILLANCE DES CAISSES POPULAIRES HAITIENNES : QUE SURVEILLE-T-IL?

Introduction
Avant les années 90, les caisses populaires n’avaient pas de personnel professionnel, mais des gérants semi-bénévoles[1]. André Pierre-Louis, un marchand tailleur, affectueusement appelé Bòs André,  est l'un des prototypes de cette catégorie de gérants. Il assura la gestion de la caisse Espoir de Jacmel pendant 25 ans. A cette étape de l'évolution des caisses populaires haïtiennes, elles ne produisaient  pas de rapports financiers fiables et vérifiables.  A partir de 1997-98, certaines caisses sont dotées d’un manuel de politique et de procédures administratives et comptables qui a favorisé la production régulière des rapports financiers qui sont vérifiés par des comptables indépendants et agréés par l’ordre des comptables. A partir de 2000 les caisses ont informatisé leurs opérations et la BRH assure leur inspection suite à la promulgation de la loi de 2002 sur les Caisses Populaires. Aujourd’hui les caisses sont dotées d'un contrôleur interne ou d'un service de contrôle interne. Soulignons aussi que les actifs des Caisses pour la plupart valaient moins d'un million ou de quelques rares millions de gourdes pour s'élever aujourd'hui à plus de 400 millions de gourdes pour les plus riches. Que de changements dans moins de vingt ans. Il devrait y avoir aussi des changements notables au niveau de la fonction surveillance ou dans le travail des comités de surveillance dans les Caisses Populaires haïtiennes. Qu'en est-il?

Le mandat du comité de surveillance
La loi haïtienne sur les caisses populaires donne deux mandats au comité de surveillance. L'article 55 lui confine dans le rôle de contrôleur indirect[2] des opérations. Il stipule : « Le comité de surveillance a pour fonction de surveiller les opérations de la CEC».[3]

Dans cette fonction de contrôleur des opérations, le comité de surveillance « doit s’assurer notamment que: a) la vérification de l’encaisse et des autres éléments de l’actif est faite, b) les opérations de la CEC sont conformes à la présente loi et aux règlements qui lui sont applicables en vertu de la présente loi, c) les affaires internes et les activités de la CEC sont inspectées conformément aux dispositions de la présente loi, d) la CEC se soumet aux normes et aux instructions prises en vertu de la présente loi, e) les règles adoptées par la CEC sont respectées.»

L'article 56 étend le rôle du comité de surveillance à la gestion des plaintes des sociétaires. Cependant aucun mécanisme n'est mis en place dans la plupart les caisses pour «recevoir les plaintes des sociétaires, d’en saisir au besoin les autres organes de la CEC et de répondre au plaignant», comme l'exige la loi.

Au regard de la loi, le CS a donc deux fonctions essentielles: le contrôle des opérations et la gestion des plaintes des sociétaires. Il s'agit d'un mandat assez réducteur. Il devrait au moins s'étendre au contrôle de la gestion en assurant le suivi, le contrôle et l'évaluation des plans (stratégiques et opérationnels), des budgets et des rapports financiers et de gestions.

Principales tâches du comité de surveillance
Pour caricaturer le rôle actuel des CS voici un extrait d'un rapport d'un comité de l'une des plus grande caisses populaires du pays.

«Durant l`année sociale 2012-2013, le Comité de Surveillance a noté pour vous, ce qui suit : A part les visites et les coups d’œil, de temps à autre, de chacun de nous pour le contrôle  du fonctionnement de la Caisse, il s`était réuni 16 fois au siège et 12 fois au Comptoir de ... pour contrôler et vérifier les liquidités des 6 Caissettes et des 2 Coffres-forts, les dépôts bancaires à l`Epargne courant et à Terme et les Effets à Recouvrement. Et aucune anomalie n`a été relevée dans les deux centres de service.  Ce qui a dénoté le sérieux et la compétence des responsables. »

Puis le rapport fait état du nombre de rencontre réalisée par le comité de crédit ainsi que la valeur et le montant des prêts accordés. Il  fait aussi état des progressions de la caisse en termes d'actif et d'autre indicateur.

La réalisation des inventaires demeure la tâche ou l'une des taches la  plus importante des comités de surveillance. En Haïti, la majorité des caisses populaires clôturent leur exercice comptable et produisent leurs rapports financiers au 30 septembre de chaque année. Pour réaliser le bilan de l'exercice comptable, elles doivent procéder à l'inventaire de leur caisse, de leur stock et de leurs biens meubles et immeubles. L'idée reçue[4] sur la réalisation de l'inventaire : il est de la responsabilité du comité de surveillance.  L'inventaire, étant le dénombrement et l'évaluation des numéraires, des stocks et des autres biens de l'entreprise nécessaires à l'établissement du bilan, est du ressort des personnes chargées de réaliser les rapports financiers. Le responsable des opérations, le comptable,  le responsable financier et le directeur général sont responsables de la réalisation de l'inventaire pour dresser le bilan. Ils le font en fonction des normes du métier. Le comité de surveillance en tant que contrôleur de gestion peu à tout moment réaliser l'inventaire, mais il n'est pas obligé puisque des professionnels sont rémunérés pour le réaliser. Il n'a pas donc besoin de vérifier lui-même, l'encaisse et les autres éléments d'actif... Il doit s'assurer ou avoir la certitude de leur réalisation... Le comité de surveillance de la SOCOLAVIM n'a plus besoin de se fendre en six morceaux (ce qui est impossible) pour réaliser l'inventaire des caissettes, des caisses et du coffre des six point de service de la caisse au 30 Septembre de chaque année. 

Les rapports du contrôle interne, des services d'inspection, notamment de la BRH, et de la vérification annuelle devraient être les principaux instruments de contrôle des comités de surveillance.

Le CS au-delà du contrôle de gestion
De nos jours des coopérateurs et aussi des détracteurs affirment que les caisses sont devenues des banques, critique rejeté d'un revers de main par certains dirigeants. Il revient aux membres des CS de vérifier si les caisses ne se détournent pas de la vision, des valeurs, de la mission et des principes coopératifs pour se transformer en deux véritables banques de type capitaliste, ne s'intéressant qu'à l'argent et non aux bien être des sociétaires et au développement de la communauté. C'est à eux de vérifier si les caisses ne font  pas le commerce de la manière des entreprises capitalistes.

En plus du contrôle de gestion, le comité de surveillance doit se préoccuper de l'évaluation du fonctionnement de la caisse dans ses dimensions éthiques, déontologiques et coopératives. Il s'assure que la mission, les valeurs et les principes coopératives se concrétisent dans ses action et se manifestent réellement dans les pratiques commerciales et de gestion de la coopérative. Il veille à la promotion et à l'observance des valeurs, des principes coopératifs et au respect des règles du code de déontologie. Il voit à ce que la coopérative mette en place des pratiques pour favoriser l'éducation financière, économique et coopérative des sociétaires. Il s'assure de la collaboration de la coopérative avec les autres coopératives et les différentes composantes du mouvement. Il s'assure de la pertinence et de la portée des actions réalisées par la coopérative en termes de satisfaction des membres et d'engagement envers le  milieu. L'article 2  de la loi sur les CEC en Haïti affirme à juste titre «Une  coopérative  est  une  entreprise  ayant  des  objectifs,  une  structure  et  des  organes administratifs qui la différencient de la société[5].»  Il poursuit qu' « En plus de son objet fondamental, la CEC se doit de: a)  favoriser la coopération entre les sociétaires, entre les sociétaires et la CEC, et entre celle-ci et d’autres organismes coopératifs; b)  promouvoir l’éducation économique, sociale et coopérative. »

Conclusion
Plus nécessaire aux comités de surveillance de se cantonner dans un rôle de contrôleur de gestion ou d'opération réduit en la vérification des caissettes, des caisses et en la réalisation des inventaires en fin d'année. Ils doivent s'intéresser aux valeurs étiques et déontologiques, à la mise en application de l'identité coopérative: la vision, les valeurs et les principes coopératives? Le CS doit vérifier si la coopérative œuvre pour la satisfaction voire l’amélioration des conditions sociales et  économiques des sociétaires, si le souci de leur bien-être est une préoccupation pour les dirigeants. Toutefois les membres des CS doivent être dotés d'instruments adéquats et bénéficiés de formations appropriées pour réaliser leur mandat.
Nonais Derisier
10 Décembre 2015



[1] Le gérant percevait une gratification annuel qui s'élevait généralement à 10% des excédents à la fin de l'exercice.
[2] Le contrôleur direct étant le contrôleur interne.
[3]Loi sur les coopératives d’épargne et de crédit  « Le Moniteur » 10 juillet 2002 page 12
[4] Une idée reçue est une opinion stéréotypée, un cliché très répandu mais qui est souvent faux.
[5] Société désigne ici une entreprise par action ou une entreprise capitaliste.


COMMÉMORATION SANS FASTE DES 69 ANS DE LA PREMIERE CAISSE POPULAIRE HAÏTIENNE

Ce mardi 22 septembre 2015, vers les 6 heures PM, une quinzaine de dirigeants et d'amis de la Petite Epargne de La Vallée, s'étaient réunis autour de deux patriarches de la Commune, les deux membres fondateurs encore vivants de la caisse pour célébrer sans faste le soixante-neuvième anniversaire de la première Caisse Populaire haïtienne.

Après la prière du révérend  père Armant de la paroisse de Saint Jean Baptiste, la présidente Marie Yolaine Philippeaux Scutt, salue et remercie l'assistance de leur présence. Elle a manifesté sa reconnaissance à l'égard des membres fondateurs, particulièrement aux deux survivants qui ont honoré cette cérémonie de leur présence. Pour la présidente, ce soixante neuvième n'est pas une occasion de fêter, mais un moment de méditation. Après son allocution, elle a passé la parole à l'assistance. Monsieur Léon Franck, membre fondateur de la caisse a exprimé sans réserve son insatisfaction de voir les caisses se transformer en banque: on ne fait plus de cercles d'étude, on ne distribue plus de ristournes. Monsieur Béjin, le secrétaire de la caisse, a abordé dans le même sens et s'est interrogé sur l'assistance technique reçue par les caisses qui les détourne de leur aspect social. La présidente rassure les uns et les autres et affirme que la caisse assure la formation de ses membres, pas sous forme de cercles d'étude mais sous forme de séminaire.
L'assistance
Les participants à  cette rencontre ont aussi profité pour réfléchir au soixante-dixième anniversaire de la première Caisse Populaire Haïtienne. Il est proposé d'organiser une grande fête nationale à La Vallée. La commémoration de ce soixante-dixième anniversaire n'est pas seulement l'affaire de la Petite Épargne, puisqu'il s'agit de la commémoration de la naissance du mouvement des Caisses populaires en Haïti. Ce mouvement est fort d'une cinquantaine de Caisses et de plus de 600 000 sociétaires. Mais il reste méconnu parce que les tenants du secteur se comportent comme des gens qui allument des bougies pour les cacher sous des tables pendant que les autres battent la grosse caisse pour peu de réalisations, voire pour des projets qui n'accoucheront que d'une souris.
Pour le soixante-dixième anniversaire des Caisses Populaires Haïtiennes, l'année prochaine, on doit profiter pour faire connaitre l'importance et la force des Caisses Populaires. Pour aboutir à cette commémoration, il est proposé une commission tripartite formée par la Petite Épargne, La Fédération Le Levier et l'Association Nationale des Caisses Populaires Haïtiennes. Elle aura toute une année pour planifier cette commémoration.
Les deux patriarches de la Caisse Petite Épargne
La présidente a mis aussi sur la table l'idée de la création d'une musée coopérative  à La Vallée. Un terrain doit être trouvé pour la réalisation de ce grand projet. Ce projet est le bébé à naître de Frantz Prinvil. Cette musée pourrait prendre la forme d'un géant gâteau de 70 bougies et chacune pourrait porter la marque d'une coopérative ayant contribué financièrement à sa construction. Ce n'est qu'une idée!

La cérémonie s'est achevée  vers 7.30 heures après que les participants aient trinqué les verres en l'honneur des soixante-neuf ans de la Petite Épargne de La Vallée avec un rendez-vous pour les soixante-dix ans.
Nonais

23 Septembre 2015.

JOURNEE INTERNATIONALE

Pour l'intégration du mouvement coopératif haïtien

M. Jean Bernadel
Ils étaient une soixantaine de coopérateurs venus des quatre coins du pays (des représentants des caisses populaires, des coopératives agricoles et des coopératives de services) à se réunir le samedi 4 juillet 2015 au local de la coopérative COOPROFER  KENBE pour  célébrer cette journée qui s’est déroulée autour du thème international : «Égalité », avec le slogan : « Optez pour les  coopératives, optez pour l'égalité! ». Cependant, la commission nationale instituée pour organiser la célébration du jour a choisi le thème national : « Tèt Ansanm nan mitan fanmi koperativ yo ».

S’exprimant en la circonstance, le président de la commission nationale de célébration de la journée, Jean Bernadel, a fait remarquer que le slogan « Optez pour les coopératives, optez pour l’égalité » choisi par l’ACI et l’ONU cette année, vise à rappeler le rôle central de ces deux valeurs qui sont au cœur du mouvement coopératif : l’égalité et l’équité. Ce sont là deux concepts qui ont déjà servi de fondement à de vastes mouvements de transformations sociales. « L’événement d’aujourd’hui reflète la philosophie coopérative consistant à faire de grandes choses avec des moyens modestes en rassemblant les forces éparses. C’est dans un tel contexte que la plateforme ad hoc constituée pour la réalisation de cette activité a choisi le  thème national : «  Tèt ansanm nan mitan fanmi Koperativ yo », a-t-il indiqué.

 Le président de la commission a par ailleurs souhaité que le mouvement coopératif haïtien se relève au bénéfice de la population, rappelant que sa mission économique et sociale est de contribuer à la résolution des problèmes élémentaires de la nation. Pour y arriver, les coopératives de tout type doivent s’organiser, se solidariser et aussi agir en symbiose pour pouvoir  réaliser ce grand « Tèt ansam nan mitan fanmi koperativ Ayitiyo », a-t-il exhorté.
Pour sa part, le responsable de l'union des coopératives caféières de l'arrondissement de Belle-Anse (COOPCAB), Azor Pétuel, a présenté les  coopératives comme de puissants outils de développement communautaire».  Il est fondamental, selon lui, d'encourager la solidarité entre les coopératives de tout type au nom du sixième principe du mouvement: «  la coopération entre les coopératives ». Exhortant les coopératives d’épargne et de crédit à être plus solidaires et à collaborer avec les autres types de coopératives, Il a invité les coopératives  non financières à utiliser exclusivement les services des caisses populaires de leur région.

De son côté, le représentant du ministre des affaires sociales et du travail à la cérémonie, Dr Elie Thélot qui intervenait sur le sujet «Coopératives et protection sociale», a souligné que  plus de six millions d'haïtiens  vivent dans la pauvreté. Cette situation alarmante est le résultat, selon lui, de l’absence d’un contrat social, d’un accord entre l'Etat et le citoyen.  Il a en ce sens plaidé en faveur de la mise en place d’un système de protection sociale pour protéger les citoyens contre tous les risques de perte de leur dignité avec assurance chômage, assurance santé, assurance vieillesse... Les portes du ministère restent ouvertes aux coopérateurs haïtiens dans le but d’arriver à la signature d’un protocole de partenariat sur la protection sociale, a-t-il assuré, renouvelant la volonté du ministre Victor Benoit de collaborer avec les coopératives afin de renforcer le système de protection sociale en Haïti.

Les participants ont profité de cette journée de réflexion pour renforcer la commission d'organisation de la journée internationale des coopératives  et créer le Rassemblement des Coopératives haïtiennes (RACOH). Ils ont choisi  un comité de neuf membres pour diriger ce Rassemblement : Marcelin Alexandre de la caisse Espoir de Jacmel ; Manel Castel, président de l'ANACAPH et de la COOPECLAS ; Bernadel Jean de COTEM des Nippes ; Frantz Dieujuste, vice-président de RACPABA ; Azor Pétuel, président de  la COOPCAB ; Frantz Privil, dirigeant de KOTELAM ; Raymonde Verna, directrice de la COPROFER KENBE ; Erta Clercidor Papillon, présidente de l’UCOCAPEB et Nonais Dérisier, consultant. Cette structure a pour mission de faciliter un dialogue permanent pour l'intégration du mouvement coopératif  haïtien.
Lucmane Vieux
lucmanov@yahoo.fr

N.B. Texte de Lucmane Vieux, Nouvelliste du 8 Juillet 2015
Photo: Nonais Dérisier

LES CAISSES POPULAIRES HAÏTIENNES : SUR LA ROUTE DE DEVENIR DE VERITABLES FORCES FINANCIERES!

Le mouvement  coopératif haïtien est vieux de près de 80 années pour les coopératives agricoles et de 70 ans pour les caisses populaires. Il reste néanmoins méconnu du grand public. Les coopératives ne constituent pas le sujet de prédilection des journalistes, chercheurs, chroniqueurs et historiens haïtiens. Les coopératives elles-mêmes communiquent très peu. Le mouvement coopératif haïtien fait aussi l’objet de certaines idées reçues. Quand on prononce le mot coopérative en Haïti, on se réfère souvent aux structures pyramidales qui offraient des intérêts de 10% et plus sur les dépôts.
 
En effet, un cas flagrant de cette méconnaissance et des idées reçues sur le mouvement coopératif haïtien a été enregistré dans une publication parue dans les colonnes  de Le Nouvelliste du 09 Mars 2015, dans la rubrique « Des idées pour le développement ».  Traitant de l’importance de la solidarité dans le développement, le journaliste a déclaré que : «  Le vrai combat contre la pauvreté se fait par la solidarité agissante comme l’a démontré le Québec avec le mouvement des coopératives… » Il affirme qu’en absence du mouvement coopératif ou de « cette forme de solidarité financière dont les Caisses Populaires Desjardins constituent le porte-étendard,  […] la province francophone du Canada ne serait pas à ce niveau de développement. » Se référant aux caisses populaires haïtiennes, le journaliste précise que : « Chez nous, l’expérience coopérative a vite tourné à l’arnaque […] aujourd’hui, les vraies coopératives peinent à trouver des déposants ce qui écarte toute possibilité de faire de ce mode de financement un levier du développement national comme au Québec.» Cette déclaration se base sur la débâcle des structures pyramidales communément appelées, et à tort,  coopératives 10%, qui ne correspondaient pas à la philosophie coopérative et ne mettaient pas en pratique les principes du mouvement.
Pour dissiper certaines idées reçues sur le mouvement coopératif haïtien et faire connaitre l'ampleur du secteur, à la lumière de la révolution récente enregistrée au niveau des caisses populaires haïtiennes, nous démontreront qu'elles se sont remises avec succès du cauchemar de 2001 et qu’elles commencent à s’imposer dans certaines régions du pays comme de véritables forces financières  par leur capacité de collecter de l’épargne, mais surtout par l’utilisation faite de cet épargne et du trop-perçu que  génèrent leurs opérations.  
 
Le 4 février 2015, la BRH et la Fédération des Caisses Populaires Le Levier ont procédé à la signature du protocole autorisant les caisses de cette fédération à participer à la chambre de compensation. Au cours  de cette cérémonie, le Gouverneur de la BRH, Monsieur Charles Castel a souligné que  le réseau de Le Levier, qui est composé de 42 Caisses fédérées ou « en transition »,  a un actif de 4.8 milliards de gourdes et un fonds propre de 1.3 milliard de gourdes et compte 561000 sociétaires. Nous avons salué cet évènement dans le blog http://haiti-coop.blogspot.com comme : « le plus grand évènement financier du début du 21eme siècle en Haïti. » Par cet accord, les Caisses Populaires vont pouvoir créer de la monnaie au même titre que les banques et offrir tous les services financiers réservés à ces dernières : émission de chèque et de carte de crédit. Elles participeront aussi au système de paiement interbancaire de la BRH communément appelé SPIH.
Malgré ce niveau développement, le mouvement coopératifs reste méconnu en Haïti, et plus d’un n’affiche aucun intérêt pour ce secteur. Lors de la cérémonie de la signature du protocole entre la BRH et Le Levier pour la participation de cette dernière à la chambre de compensation, Le Nouvelliste, n’a pas fait un grand titre avec cet évènement. Il a, de préférence, publié sur sa page de couverture un texte sur le financement du déficit public, rapportant les propos du Gouverneur émis en marge de la cérémonie de la signature du protocole entre la BRH et Le Levier.
Pour éclairer la lanterne de plus d’un, sachez que les caisses populaires connaissent depuis 10 à 15 ans une évolution certaine et elles sont sur le point de devenir de véritables forces financières dans certaines régions du pays, sans battre la grosse caisse, sans tambour ni trompette. Elles n’éprouvent aucune peine à collecter de l’épargne et  drainent l’épargne vers le crédit dans le commerce, dans le logement et dans des activités productrices dont l’agriculture. Une partie de leur surplus est utilisée  pour financer des activités communautaires ou sociales. Dans tous les départements du pays, il existe une ou plusieurs grandes caisses populaires. Tous leurs indicateurs dont l’épargne connaissent une croissance de 10 à 30% l’an. Elles participent à l’inclusion financière, comme l’a fait remarquer le gouverneur de la BRH le 4 février 2015.
Brièvement, voici le portrait de quelques-unes des caisses populaires haïtiennes qui font la fierté de leur région, de leurs sociétaires et de leurs dirigeants et personnels.
Commençons par la CAPOSAC de Camp Perrin. Elle est vieille de 66 ans. Au 30 Septembre 2014, elle disposait d’un actif de 480.5 millions de gourdes dont 133.6 millions de fonds propre, soit % 27.6 % de taux de capitalisation, alors que 12.5 % serait suffisant suivant les normes de la BRH pour les caisses populaires. Les sociétaires épargnent 319.42 millions de gourdes, cette somme accuse 20% de croissance par rapport à l’année antécédente. CAPOSAC ne se distingue pas seulement par la force de son actif, ou par la confiance qu'elle inspire, confiance qui se traduit par le dépôt de près de 320 millions de gourdes, mais aussi par l’utilisation de cet épargne et du trop-perçu généré par ses opérations financières. Pour le dernier exercice, la CAPOSAC a décaissé 3049 prêts pour la valeur de 283 millions de gourdes dont 103.7 millions soit 36.64 % au commerce, incluant les entreprises de services, 88.2 millions, soit 31.16% à l’agriculture, 75.3 millions ou 26.61% au logement.
La CAPOSAC est aussi un grand mécène dans le département du Sud. Elle subventionne des activités sportives, sociales, religieuses et des activités de développement. En 2012, elle a financé à hauteur de trois millions de gourdes la construction d’un bloc sanitaire (toilettes publiques), l’installation de poubelles et la rénovation du système d’adduction d’eau potable de Camp Perrin.
En ce qui concerne la Caisse Populaire Ressource Confiance de Marigot (CPRCM), créée en 1984, elle détenait, au 30 septembre 2014, un actif qui s'élevait à 138.6 millions de gourdes, une augmentation de 17.4% par rapport à l'exercice précédent. Elle a accordé près de 116 millions de gourdes en crédit au logement, à l’agriculture, au commerce, etc. La population marigotienne y épargne  près de 74.8 millions de gourdes. L’avoir de la caisse s’élève à 47.5 millions de gourdes, soit un taux de capitalisation de 34.32%. La CPRCM réalise des opérations très rentables. Après avoir couvert toutes ses dépenses, elle lui restait un surplus ou trop-perçu de 10.263.978 gourdes soit 7.2 % de son actif pour son dernier exercice. Ce trop-perçu est utilisé pour augmenter les avoirs de la caisse ou son taux de capitalisation, pour accorder des ristournes et pour réaliser des activités communautaires. La CPRCM crée une trentaine d’emplois directs et près d’un millier d’emplois indirects sont créés ou valorisés par l’octroi d’un crédit.
La CAPOSOV, de son coté, créée le 22 octobre 1986 dans la commune de Verrettes, a un actif social de 18 704 sociétaires, un actif financier de 231 millions de gourdes alimenté par 166.5 millions de gourdes d’épargne et de 44.5 millions de gourdes en avoir.  Pour le dernier exercice, son actif a cru de 12% et son épargne de 16 %. La CAPOSOV a accordé 1891 prêts pour un montant de 156.6 millions de gourdes.
Quant à la COOPECLAS de Lascahobas, elle a un actif de près 230 millions de gourdes, un portefeuille d’épargne de 148 millions de gourdes et un avoir de 42.5 millions de gourdes. Pour son dernier exercice, elle a accordé 2888 prêts pour une valeur de 204.3 millions de gourdes. Elle a 31 000 sociétaires.
Au niveau du département de l’Artibonite, SOCOLAVIM, créée il y a vingt ans à Saint Marc, est devenue la Caisse du département de l’Artibonite, à côté de la CAPOSOV (Verrettes), de la KPEGM (Gros-Morne), de la COPECPRA (Petite Rivière de l’Artibonite) et de la CAPOSOSMA (Saint-Michel de Latalaye). SOCOLAVIM est sur le chemin de devenir une force financière au niveau de son département avec près de 50 000 sociétaires, 416 millions de gourdes d’actif, 265.8 millions en épargne. Son actif a cru de 20% et son épargne de 15% pour l’exercice se terminant au 30 Septembre 2014. Elle a accordé 2 658 prêts pour une valeur de 253 millions de gourdes.
KOTELAM à Port-au-Prince, qui a célébré son vingt-cinquième anniversaire en 2013, représente aujourd’hui une force financière avec 78 512 sociétaires, 396.57 millions de gourdes d’actif, 315.6 millions de gourdes d’épargne et un portefeuille de crédit de 237.7 millions de gourdes.
Il existe actuellement en Haïti une cinquantaine de caisses populaires agrées, une fédération de caisses ou institution financière de deuxième degré, Le Levier et une association défendant les intérêts des caisse, l’ANACAPH. Le mouvement des caisses populaires est vieux de près de 70 ans. L’histoire des caisses haïtienne pourrait être divisée en deux grandes étapes. La première commença avec la création de la première Caisse populaire à La Vallée : La Petite Epargne en 1946. Cette tranche d’histoire a duré cinquante ans, de 1946 à 1996. Cette période fut caractérisée par la modicité de l’actif des caisses, qui dépassait rarement un million de gourdes. Il s’agissait d’associations de petits épargnants comme l’indique le nom de la première caisse. Elles accordaient de très petits crédits. Cette période était aussi caractérisée par une vive animation coopérative avec un rituel de chants, de cercles d’étude, de cérémonie prestation de serment pour devenir sociétaire. A cette période les coopératives étaient rachitiques du fait qu’il leur manquait le savoir-faire nécessaire à la gestion d’une institution financière. Les caisses n’avaient pas de système comptable adéquat leur permettant de sortir des rapports financiers fiables. C’était aussi la période des assemblées générales très animée avec la distribution de ristournes en absence de rapports financiers vérifiés.
Le mouvement des caisses populaires allait connaitre sa première révolution à partir de la deuxième moitié des années 90 avec l’avènement du projet de revitalisation du mouvement coopératif haïtien (PRMCH). Ce projet a été financé par l’ACDI et mis en œuvre par DID (Développement International Desjardins) et SOCODEVI (Société de Coopération pour le Développement). Il a permis aux Caisses de se professionnaliser en recrutant des cadres formés pour remplacer les gérants bénévoles, en implantant un manuel de politique et de procédures administratives et comptables permettant la sortie régulière des rapports financiers. Il s’agit du début de la professionnalisation des caisses populaires haïtiennes qui allaient prendre leur vitesse de croisière pour devenir de véritables institutions financières de type coopératif.
Aujourd’hui, il y au moins une grande Caisse Populaire dans toutes les grandes villes d'Haïti: KOTELAM à Port-au-Prince, CPF au Cap Haïtien, SOCOLAVIM à Saint Marc, CAPOSUD aux Cayes, Espoir et SUCCES à  Jacmel. Il en existe aussi dans des communes de taille plus petite comme Gros-Mornes (KPEGM), Marigot (CPRCM), Verrettes (CAPOSOV), Camp Perrin (CAPOSAC), et j’en passe. Elle publie régulièrement des rapports financiers vérifiés par des comptables agréés et elles sont souvent inspectées par la BRH.
 
Afin que tous et toutes le sachent : les Caisses Populaires haïtiennes, un peu partout, sont en train d’écrire de belles pages dans l’histoire économique et sociale du pays. SOCOLAVIM, COOPECLAS et CAPOSAC, pour ne citer que celles-là, représentent les plus grandes réalisations respectives des Saint-Marcois, des Lascahobasiens et des Campérinois de toute l’histoire des communes de Saint-Marc, de Lascahobas et de Camp-Perrin. Il est tant que les étudiants, les chercheurs, les historiens, les journalistes et toute la société commencent à s’intéresser à ces institutions de l’économie sociale et solidaire, la troisième voix à côté de l’économie privée de type capitaliste et de l’économie publique ! Aujourd’hui, les vraies coopératives haïtiennes existent, elles se développent pour devenir des forces financières et « ne peinent pas à trouver des déposants. » Elles commencent à devenir « un levier du développement national. » Les machins de 10% de la fin des années 90 et début de 2000 ne représentaient qu’une petite entorse au mouvement, et a été vite traité par la publication de la première loi régissant exclusivement les caisses populaires en 2002 et aussi par la détermination des acteurs du secteur à vivre les valeurs et les principes coopératifs.
 
Nonais Derisier, économiste
nderisiers@gmail.com
1er Juin 2015

Des funérailles émouvantes pour l'agronome Jean Yves Banatte dans la Cathédrale des Cayes


Le samedi 9 Mai 2015, dans la métropole du département du Sud, la ville des Cayes, le soleil ne brillait pas de mille feux. Le ciel était brumeux, comme pour exprimer de l’amertume. Des gens de tous les horizons empruntèrent la direction de la Cathédrale des Cayes. Et, il fallait suivre une longue queue pour accéder à l’enceinte de cette cathédrale où allait être célébrées les obsèques de l'Agronome Banatte. Les parents, les amis, les collaborateurs, les étudiants de l'agronome Banatte, affectueusement surnommé Agro Ba, sont venus lui rendre un ultime hommage. Les funérailles ont été célébrées par l’archevêque de Port-au-Prince Guire Poulard, assisté de Monseigneur Alix Verrier, l'Evêque des Cayes et de celui de Jérémie, Monseigneur Joseph Décoste. L’archevêque Guire Poulard devrait au cours de cette année célébrer aux Cayes les quarante ans d’exercice de l'agronome Banatte et d'autres de la même promotion. Mais les assassins ont voulu de préférence qu’il participe aux obsèques de ce grand homme.

En effet, le mercredi 29 Avril 2015, l’agronome Banatte fut lâchement assassiné par des malfrats sans foi ni loi. En ce jour, le ciel était tombé sur la tête des Cayens. L'émotion a été au paroxysme pour les parents, les amis, les agronomes, les rotariens, les coopérateurs haïtiens et tant d'autres communautés comme l'église catholique,  quand ils ont appris la nouvelle de l'assassinat de l'Agro Ba. Il s'apprêtait à secourir une personne malade quand il a été lâchement et cruellement abattu de plusieurs balles.

L'homélie de la circonstance a été prononcée par Monseigneur Alix Verrier pour qui "le monde semble avoir perdu le sens des valeurs".  "Trop de sang a coulé", déplore-t-il. "Il est temps de dire non à la violence et oui à l'amour et à la paix. Avec la mort de Banatte, il faut dire non," s'exclame-t-il. Il affirme que "l’agronome Banate est tombé de sa serviabilité. Il était un homme de cœur, un progressiste qui ne pense qu'aux biens à réaliser. Il ne vit que pour les autres". Il fut, d'après Mgr Verrier, "l'un des premiers à donner son temps et ses conseils pour la création d'une université d'agronomie pour les Cayes. Voulant sauver la vie d'un autre, il est tombé en chrétien, il est tombé en héros".

Après la cérémonie religieuse, une dizaine d'évocations funèbres furent prononcées par des membres de sa famille dont sa femme, des représentants de la promotion 71-75 de la Faculté d'Agronomie et de Médecine vétérinaire, du ministère de l'Agriculture, de la Rorary Club, du Chambre de commerce du Sud, de l'Université Notre Dame d'Haïti et de l'ASPREN, (l'Association du Sud pour la Protection de l'environnement). Tous les intervenants ont, tour  à tour, venté les valeurs de l'agronome Ba et du coup,dénoncé et condamné son lâche et cruel assassinat.  Jean Yves Banatte fut un père, un agronome, un éducateur, un coopérateur, un rotarien, un patriote, un homme de  cœur, un socialiste, un philanthrope...

Une dizaine d'agronomes de la promotion 71-75 ont entouré le cercueil du défunt pendant que le Docteur Audalbert Bien-Aimé prononça l’oraison funèbre au nom de ses confrères. Très tôt à la faculté, ils ont découvert en Jean Yves un leader, un motivateur, et ont fait de lui le président de la promotion. Pour le Dr Audalbert, l'agronome Barnatte fut un homme intègre, un chercheur en agronomie, un brillant orateur, un homme de cœur qui vouait un grand amour pour sa tribu, pour sa famille élargie, pour sa ville natale, pour sa promotion, pour l'agriculture  et pour sa patrie. Il fut un socialiste qui a lutté et s’est mis au service du plus grand nombre.
Le Dr Audalbert en a profité pour dénoncer la dissolution de la milice et la démobilisation de l'armée sans la récupération de leurs armes. Il a aussi dénoncé les politiciens véreux qui distribuent des armes à leurs partisans. La MINUSTHA n'a pas non plus été épargnée. Il est aussi responsable de la prolifération des armes au sein de la population, des armes  qui sèment la mort. A l'issu de l'oraison funèbre prononcé par le Dr Audalbert, un agronome de la promotion a fustigé la MINUSTHA dont des casques bleus qui se bronzaient sur une plage, auraient laissé emporter des armes par des bandits.

Le secteur coopératif était représenté par Gary Marcelin de la CAPOSOV, Frantz Prinvil et l’agronome Ronald Labady de KOTELAM et Nonais Derisier. On a aussi remarqué la présence de l’agronome Dadaille du CNC et une délégation de la Caisse Populaire des Cayes, caisse que l’agronome Banatte a dirigée pendant cinq ans.

L'Agronome Jean Yves Banatte a eu un parcourt académique et professionnel exemplaire. Il fut diplômé en 1975 de la Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaires. En 1977, il a entrepris des études  en développement communautaire et en création de coopératives, puis il a réalisé aux Etats Unis (Michigan) des études en macro et micro-économie de développement. Il débuta sa carrière à Camp Perrin dans la ferme expérimentale de Levy puis a travaillé pendant cinq ans au niveau du Plateau Central. Il revient aux Cayes en 1982, et s’est consacré à sa communauté jusqu'à sa mort. Parallèlement à sa carrière d'agronome, il a enseigné au lycée Philippe Guerrier des Cayes et dans des universités d’agronomie. Il a participé à la création et à l'implantation de la faculté d'agronomie de l'université Notre Dame d'Haïti. Il a été aussi doyen pendant cinq ans et  professeur à plein temps de la faculté d'agronomie de l'Université Polyvalente d'Haïti.

Par ailleurs, Monsieur Banatte s'est donné activement à des activités communautaires et sociales. Pendant cinq ans, il a présidé le conseil d’administration  de la Caisse Populaire des Cayes. Il a été membre de Rotary Club des Cayes qu’il a présidé en 2009. Il a milité aussi dans des organisations de défense de l'environnement. Il a été membre de la Fédération des Amis de la Nature (FAN) et membre fondateur de l'Association du Sud pour la Protection de l'environnement(ASPREN).

Pour immortaliser la mémoire de l'agronome Ba et continuer ses œuvres, sa famille et ses amis décident de créer la fondation Jean Yves Banatte pour promouvoir la vision de l’agronome Banatte qui est celle d'un monde meilleur fondé sur le civisme et le service désintéressé.

Toutes nos sympathies à sa femme Laura Coulange qui a partagé sa vie pendant 43 ans et à ses enfants Jude Marie, Jeanne Karnitza, Moïse Johann et Jean Joseph. Reste en Paix, Agro Ba! Que la terre te soit légère !



Nonais Dérisier
10 Mai 2015



CEREMONIE D’INAUGURATION DU LOCAL ET DE L’INTERCONNEXION DE LA KOTELAM

POUR SES 25 ANS KOTELAM OFFRE UN LOCAL MAJEUSTIEUX ET FLAMBANT NEUF A SES SOCIETAIRES
Photo Le Nouvelliste
Le samedi 21 Mars 2015 restera une date mémorable pour la caisse KOTELAM et sera scellé à l’encre forte dans ses annales.  D’une pierre, la KOTELAM a  fait deux coups. Ses dirigeants ont procédé, d’une part, à l’inauguration du local flambant neuf devant loger le siège social de la Caisse et son point de service de la Rue Magloire Ambroise et, d’autre part, ont lancé l’interconnexion des trois points de service de la caisse. Dès ce samedi, tous les sociétaires détenant un carnet de la KOTELAM peuvent, dans n’importe quel point de service, réaliser un dépôt ou un retrait sur leur compte.

Pour l’inauguration du local et le lancement de l’interconnexion des points de service, les dirigeants ont organisé une cérémonie en présence des sociétaires, des cadres, des amis, des partenaires et du représentant de la fédération Le Levier. Dans son discours de circonstance, le président du Conseil d’administration de la Caisse l’agronome Dieuvet Michel, présente la cérémonie officielle d’inauguration du local et du lancement de l’interconnexion comme un prétexte pour remercier tous ceux qui ont contribué à la matérialisation de ces deux réalisations : l’imposant local à l’image de la KOTELAM et l’interconnexion, un exploit technologique pour une caisse populaire haïtienne.

Dieuvet Michel
Le président Dieuvet Michel a rappelé que la KOTELAM est logée à la rue Magloire Ambroise depuis 1996, au début du projet de Revitalisation du Mouvement Coopératif Haïtien financé par l’Agence Canadienne de Développement International et exécuté par le Développement International Desjardins pour les Caisses Populaires. En 2010 le local de la KOTELAM de la rue Magloire Ambroise n’a pas résisté aux secousses dévastatrices du tremblement de terre qui avait agenouillé la République. Le local s’était effondré occasionnant des pertes humaines et matérielles. Cinq ans plus tard, la KOTELAM a transformé ce cauchemar en opportunité, affirme avec fierté le président du conseil d’administration de la Caisse dans ses propos de circonstance.

Ce bâtiment majestueux et flambant neuf représente un investissement de près de 17 millions de gourdes. La KOTELAM a mis la main dans son avoir pour financer 76 % de cette somme représentant près de 13 millions de gourdes. Elle a bénéficié de la solidarité et de l’inter-coopération de CONACOOP, le Conseil National des Coopératives de la République Dominicaine,  de CCC-CA, la Confédération des coopératives de la Caraïbe et de l’Amérique Central et du Sud et de WOCCU, le World Concil Credit Union. Ils ont apporté une contribution de 4 052 779 gourdes. Le président Monsieur Dieuvet Michel a adressé un bouquet de remerciements à ces institutions. Il en a profité aussi pour remercier les dirigeants et les cadres de la KOTELAM qui ont contribué à ce projet en particulier Mme Marcelle Saint-Gérard, l’ex-directrice de la Caisse.

En plus de l’inauguration du local, KOTELAM a procédé à l’interconnexion de ses points de services. Tous ses ordinateurs sont maintenant  interconnectés. Un sociétaire peut faire ses transactions d’épargne et de retrait dans n’importe quel point de service. Les responsables des opérations ont, de leur côté, la possibilité de visualiser et de contrôler tous les transactions et les écritures enregistrées sur leur système. Cette prouesse technologique améliorera la qualité des services aux membres et garantira le contrôle, la fiabilité et la sécurité des opérations. Ce service d’interconnexion répond à une demande exprimée par les sociétaires dans toutes les assemblées générales depuis cinq ans, affirme le président du conseil d’administration de la KOTELAM.

Pour l’utilisation de cette technologie, la KOTELAM a bénéficié de l’appui financier  de HIFIVE, un projet de l’USAID d’appui à la microfinance en Haïti. Il a financé le projet  « Amélioration de l’offre des services d’intermédiation financière à la population de la zone métropolitaine » de la KOTELAM. Le budget de ce projet s’élevait à 6.9 millions de gourdes dont 75% de cette somme provenait de HIFIVE et 25 % des fonds propres de la KOTELAM. En plus de l’acquisition des matériels et de l’application pour l’interconnexion, le projet comportait un volet marketing avec un « sound truck » pour assurer la promotion des services de l’institution. Il fera connaitre KOTELAM et ses  services à la population. Le projet a aussi appuyé le renforcement institutionnel de la Caisse avec l’adoption d’un plan de marketing, d’un nouveau manuel de gestion administrative, comptable et financière, d’un manuel de contrôle interne mieux adapté à la situation de la caisse et d’un site internet pour promouvoir l’image et les services de la KOTELAM. Le président a vivement remercié l’USAID et le projet HIFIVE pour leur support. Ses remerciements se sont particulièrement adressés à Mme Vertus et Mme Pierre de la USAID et M. Baptiste de HIFIVE ainsi qu'à  M. Claudomir, le Directeur qui a eu l’ouverture d’esprit de financer ce projet qui a été préalablement rejeté, note le Président. Il a aussi remercié  la fédération Le Levier en la personne de son Directeur Général Monsier Jocelyn Saint-Jean qui a participé à cette cérémonie. Ses remerciements sont adressés également à l’Agronome Ronald Labady qui a coordonné les activités du projet.

Rappelons que la KOTELAM vient de célébrer son 25ème   anniversaire avec faste pendant près d’un an d’activités festives. Elle fut créée, en effet, le 28 Novembre 1989 avec une équipe réduite de sociétaires et une  somme dérisoire comme capital de départ sous le leadership de Monsieur Frantz Prinvil à la station Baptiste Faubourg Salomon.  L’objectif de départ a été de « Lutter contre l’usure et la thésaurisation, de mobiliser l’épargne, d’octroyer du crédit à des taux raisonnables, d’améliorer les conditions de vie de ses membres et  de favoriser la solidarité et la Coopération entre eux.»

Au départ, la  KOTELAM a été une Coopérative à services multiples qui offrait non seulement les services d’épargne et de Crédit mais aussi des services de consultation médicale,  de produits pharmaceutiques, d’éducation pour ne citer que ceux-là. La KOTELAM qui a démarré ses activités avec  sept (7) membres et deux cent quatre-vingt-neuf (289) gourdes le 28 Novembre 1989, compte aujourd’hui soixante-dix-huit mille cinq cent douze (78 512) membres dans la zone métropolitaine et plus de trois cent quatre-vingt-seize (396) millions de gourdes d’actif au trente septembre 2014.

Comme les dirigeants l’affirment souvent « KOTELAM se wozo, li pliye li pa kase! » Elle s’est remise avec brio et dans un délai record du désastre du 10 janvier 2010 pour redevenir l’une des plus grandes caisses du pays. Déjà deux ans après  le séisme du 12 janvier 2010, KOTELAM renaissait des décombres pour se hisser au sommet. Elle a enregistré un déficit de plus de 18 millions gourdes l’année du tremblement de terre (2010) et deux ans après en 2012, elle a réalisé excédent de plus de 8 millions gourdes, et tous les autres indicateurs de la caisse ont passé du rouge, état alarmant au vert, état satisfaisant.  KOTELAM prouve le caractère résiliant des entreprises coopératives, comme l’affirme l’Alliance Coopérative Internationale (ACI).

Nonais Derisier

23 Mars 2015

4 JUILLET 2015 : JOURNEE INTERNATIONALE DES COOPERATIVES AUTOUR DU THEME "EGALITE"

Conception graphique Nonais
Egalité: thème de la journée internationnale 2015 des coopératives

Le Comité pour la promotion et l'avancement des coopératives (COPAC)  de l'Alliance Coopérative Internationale (ACI) et l'Organisation des Nations Unies ont choisi conjointement l'égalité comme thème de la Journée internationale 2015 des coopératives. Le slogan de la journée est "Choisir coopérative, choisissez l'égalité". 
La Journée internationale des coopératives est célébrée le premier samedi de Juillet chaque année. Elle sera donc commémorée cette année le 4 Juillet 2015. D’après l’ACI,  l'écart du revenu mondial a continué de se creuser au cours des dernières années.  « Le top un pour cent de la population du globe possède près de la moitié de la richesse du monde, tandis que la moitié inférieure de la population mondiale détient moins d’un pour cent de ses richesses. »  Ces inégalités s’appliquent à des caractéristiques ethniques, régionales ou des caractéristiques personnelles telles que le sexe ou l'âge. 
Dans les coopératives l'égalité des sexes est un droit fondamental, depuis la création du mouvement. Les coopératives encouragent une culture de travail éthique où « le talent est récompensé plutôt que la compétitivité ».
L’inégalité nous concerne tous ! Pour l’ACI, tous les êtres humains ont droit au même respect et la dignité. L'inégalité a des conséquences socio-économiques négatives et graves. Elle est mauvaise pour l’économie. Elle ralentit la croissance du PIB. Elle empêche l'accumulation de capital humain, baisse les résultats scolaires et les perspectives économiques à long terme pour ceux qui appartiennent à l'extrémité inférieure de l'échelle des revenus. 
Les impacts sociaux de l'inégalité atteignent le chômage, la violence, la criminalité, l'humiliation, et la détérioration du capital humain et l'exclusion sociale. « L'inégalité affecte négativement la participation démocratique, il favorise la corruption et les conflits civils, » poursuit l’ACI dans sa note sur la commémoration de la journée internationale des coopératives. Elle  décourage davantage la vie civique et sociale qui sous-tend la prise de décision collective efficace qui est nécessaire pour le fonctionnement des sociétés saines, d’après l’ACI. 
Les coopératives des entreprises égalitaires. 
La propriété est collective.  Une coopérative est ouverte à tous, n’importe qui, hommes ou femmes, jeunes ou vieux peuvent entrer et en devenir propriétaire. La coopérative  est  une formule éprouvée pour l'inclusion économique et sociale. Pour l’ACI, si le modèle des coopératives continue de croître, l'inégalité sera réduite.
Le pouvoir de décision ne dépend pas de la richesse. En vertu du principe : une voix égale un vote, le sociétaire  a une voix, quel que soit le capital qu’il détient sous forme de part social. Le pouvoir de décision est égal pour tous.
L’accès égal aux biens et la priorité à la satisfaction des besoins et non aux rendements financiers.  L'ONU prône l'accès universel  aux services de base. Le but même d'une coopérative est l’offre de service dans de bonnes conditions à tous ses membres. Les coopératives se concentrent sur la satisfaction des besoins de leurs membres plutôt que seulement les rendements financiers.
Les coopératives participent à la réduction de la pauvreté. D’après l’ACI, «   Les coopératives contribuent à réduire les inégalités en donnant aux gens une manière digne et durable pour gagner leur vie. »
Pour toutes ces raisons, les coopératives sont des entreprises égalitaires, inclusives, donnant accès à des services pour la réduction de la pauvreté. Pour l’année 2015, toutes les coopératives et les coopérateurs doivent faire valoir les avantages coopératifs.

Nonais Derisier
24 Mars 2015