Honneur au fondateur de la COOPECLAS, M. Manel CASTEL


COOPECLAS, le résultat de vingt ans de folie pour la commune de Lascahobas et pour le département du Centre


Monsieur Manel CASTEL est pour la COOPECLAS ce que Monsieur Alphonse Desjardins fut pour les Caisses Desjardins au Québec, ou ce que Frantz Prinvil est aujourd'hui pour la KOTELAM à Port-au-Prince. Il est le fondateur de la COOPECLAS. Il a su réunir autour de lui des hommes et des femmes à qui il a insufflé sa vision, son rêve d'amélioration des conditions de vie des Lascahobassiens et lascahobassiennes. 

En Haïti, on n'a pas voulu octroyer le titre de fondateur à ceux qui ont mobilisé des gens autour d'un projet de création d'une coopérative parce que celle-ci est profondément sociale et est portée sur les fonts baptismaux par un groupe soudé par la même vision. Mais souvent l'idée est venue d'un visionnaire ou de la proposition d'un membre du groupe. Comme au Canada ou ailleurs, ceux qui ont allumé le flambeau de la coopérative en Haïti méritent d'être reconnus et honorés à la dimension de leur chef-d'œuvre. 

Manel CASTEL et sa femme sont dignes de cette  reconnaissance et de cet honneur pour avoir pris le risque d'inviter dans leur salon la population à réunir des 50 gourdes pour constituer le capital de départ d'une institution qui allait être reconnue et honorée par la BRH, dix-huit ans après.

Monsieur CASTEL, né à Belladère, est père de 5 enfants. Il est instituteur-normalien, il a fait l'école Normale de Marfranc, dans le département de la Grand-Anse, au début des années 80. Il milite dans l'enseignement depuis 1984, il a donc plus de 30 ans de carrière. Il a débuté comme instituteur, a poursuivi sa carrière comme encadreur pédagogique et professe actuellement comme conseiller pédagogique pour le Ministère de l'Éducation Nationale. 

Monsieur CASTEL a bénéficié d'une formation syndicale en 1996 et en 1998. Il a milité comme syndicaliste. C'est d'ailleurs, en explorant la voie de l'amélioration des conditions de vie des professeurs qu'il a découvert et adopté la formule coopérative. 

Monsieur Castel est membre du conseil d'administration de la COOPÉCLAS depuis sa création en 1998. Il fut président du CA à deux reprises. Depuis 2010, il représente sa Caisse à l'ASSOCIATION NATIONALE DES CAISSES POPULAIRES (ANACAPH), et fait office de Président. 

Monsieur CASTEL présente la COOPECLAS en utilisant ces trois mots: Garantie, solidarité et mieux-être. Parmi toutes les anecdotes qu'il a vécues à la COOPECLAS, il nous a confié quelques témoignages: 

"En 1998, quand je sensibilisais la population pour la création de la Caisse, un camarade professeur, comme moi, a eu à déclarer publiquement: "Manel resi fou". Malheureusement, ce camarade est déjà parti dans le cadre de son grand voyage pour l'éternité. Il aurait, lui-même, constaté le résultat de dix-huit ans de folie pour la commune de Lascahobas et pour le département du Centre". 

Le président Manel nous a raconté comment la COOPECLAS s'est fait rouler dans la farine du BCA, à qui elle a sollicité un emprunt de 500 000 gourdes pour développer son portefeuille de crédit.   Alors qu'à cette époque, le BCA était dirigé par un dirigeant de caisse populaire et le président d'une association de Caisses. 500 000 gourdes représenteraient lors une fortune qui pourrait être distribuée à plus de 50 membres. Aujourd'hui, elles ne représentent qu'une petite bouchée de pain dont un membre pourrait absorber plusieurs fois cette valeur.

Pour le Président Manel, pendant ces dix-huit ans, COOPECLAS représente un véritable levier pour la zone. Avant 1998, pour échanger un chèque, trouver un prêt ou faire de l'épargne, il faudrait se rendre à Hinche. Si aujourd'hui de Lascahobas, il faut moins de deux heures pour atteindre le chef-lieu du département du Centre, jadis il faudrait plus de six heures, et toute une journée en période pluvieuse.

Dans dix huit ans, le président Manel rêve d'une COOPECLAS qui sera un véritable moteur du développement durable du département du Centre. 

Honneur à toi Me Manel!

Nonais Derisier

Haiti-Coop-Scoop: Dix éléments remarquables à connaitre sur la vie e...

Haiti-Coop-Scoop: Dix éléments remarquables à connaitre sur la vie e...: Portrait d'un héros de l'autodétermination des peuples 1.      Charlemagne Péralte naquit le 10 octobre   1886 [1] à Hinche, ...

Dix éléments remarquables à connaitre sur la vie et la lutte anti-impérialiste de Charlemagne Péralte.


Portrait d'un héros de l'autodétermination des peuples

1.     Charlemagne Péralte naquit le 10 octobre  1886[1] à Hinche, une ville du XIX ème siècle haïtien qui regroupait, nous confie Roger Gaillard, des commerçants, des administrateurs civils tels que maire, juge de paix et une hiérarchie militaire, une bourgeoisie qui avait la particularité de s'adonner à exploitation urbaine, tout en dépendant du monde rural qui lui fournissait la substance de ses spéculations[2].
2.     Le jeune Péralte, après avoir fréquenté l’école primaire de sa ville, se rendit à la capitale pour sa formation au niveau secondaire où il fréquenta l’Institut St-Louis de Gonzague jusqu'à la quatrième. A cette période ce niveau était suffisant pour remplir de hautes  fonctions en Haïti et surtout dans les régions.
3.     Apres avoir quitté l’école, il  regagna  sa ville natale à la mort de son père pour assurer la gestion des affaires de sa famille quoiqu’encore mineur. La famille des Péralte faisait partie de la bourgeoisie de la ville de Hinche qui s'adonnait à l’exploitation du commerce urbaine et aux spéculations des denrées provenant l’agriculture (Roger Gaillard, 1982).
4.     A l’âge de 23 ans, Charlemagne Péralte occupa de hautes fonctions au niveau du Plateau Central. De 1909 à 1911, il fut nommé successivement vice-consul d’Haïti à Elias Piña en République dominicaine, maire de Hinche,  et  juge de paix à Mirebalais.
5.     Péralte n'avait que 28 ans, quand il fut nommé commandant militaire de l’arrondissement de Port-de-Paix. En 1915, avec son cousin Dupéra Péralte, il prit les armes contre le président Joseph Davilmar Théodore sous la bannière de Vilbrun Guillaume Sam. Ce dernier, arrivé aux timons des affaires le nomma commandant de l’Arrondissement de Léogane, et Saül, son grand-frère, commandant de l’arrondissement de Saint-Marc.
6.     Ne voulant pas passer pour un collabo, au débarquement des Américain en 1915, il quitta son poste et regagna sa ville natale pour s'occuper une nouvelle fois des affaires de sa famille, un prétexte pour organiser son mouvement anti-impérialiste. Il devint en 1917 le chef suprême de la révolution  anti-impérialiste.
7.     Le 10 ou 11 octobre 1916, avec ses frères Saül et Saint-Rémy et 60 hommes presque sans armes, il  attaqua la maison du général américain  Doxey, commandant de Hinche. Il essuya un fiasco, les chefs furent arrêtés, et Charlemagne Péralte fut condamné à 5 ans de travaux forcés.
8.     La prison et les travaux forcés n'ont pas  éliminé la fièvre révolutionnaire de Péralte. Au contraire, ces épreuves ont renforcé sa détermination à laver le sol de Dessalines, souillé par les bottes yankees. Il a exercé son leadership pour se faire des disciples dans la prison. C’est d'ailleurs derrière les barreaux de la prison du Cap-Haïtien qu’il rencontra Benoit Batraville, qui deviendra son lieutenant et successeur. Il a utilisé son leadership et son intelligence militaire pour organiser lui-même sa fuite le 3 septembre 1918, puis il regagna son fief, le Plateau Central.
9.     En octobre 1919, Péralte et ses troupes lancèrent une grande offensive contre Port-au-Prince pour chasser les occupants, et proclama un gouvernement provisoire dans le Nord d'Haïti.
10.         Charlemagne Péralte fut trahi et tué en martyr à l’âge de 33 ans par les Américains le 31 octobre 1919. Après le départ des forces américaines en 1934, le corps de Péralte fut exhumé, identifié par sa mère et enterré au cimetière du Cap Haïtien. En 1995 le Président Jean-Bertand ARISTIDE a fait frapper des pièces de monnaie comportant le portrait du héros national, Charlemagne Péralte et son tombeau a été restauré.

31 octobre 1919 - 31 octobre 2019 : cette année ramène la commémoration du centenaire de l'assassinat de Charlemagne Péralte. Il représente l’un des révolutionnaires parmi les plus célèbres du siècle dernier qui ont farouchement combattu l’impérialisme américain. Ces restes méritent d’être rapatriés dans sa ville natale, la ville de Hinche ou devrait être érigé un panthéon international, un lieu de culte pour les Haïtiens, les Latino-américains et les Africains victimes des relations inégales avec l'Occident esclavagiste, colonialiste et impérialiste. Péralte est le symbole des luttes anti-impérialistes du monde pour l’autodétermination des peuples.

Nonais Derisier, 31 Octobre 2019








[1] Cette date figure sur le tombeau de Charlmagne Peralte. Certains documents affirment qu’il est né en 1887.
[2] UN HEROS DE LA LIBERTE : CHARLEMAGNE PERALTE LE CACO
par Roger GAILLARD Volume 6 de la série « Les Blancs débarquent » Imprimerie Le NATAL, Port-au prince, Haïti, 1982

La problématique du financement du logement en Haïti et les solutions de la BRH

Comment avoir en Haïti des logements décents à cout raisonnable


"Haïti est un rare pays ou les pauvres construisent leur propre maison. Cette option est  coûteuse. Avec des développeurs on ferait de l'économie d'échelle et on pourrait occuper une maison dans une zone sécurisé, avec l'eau et électricité garanties."
Jean Baden Dubois, Gouverneur de la BRH, 2 Janvier 2017



Jean B. Dubois, Gouverneur de la BRH
J’avais participé à une étude qui révélait que les caisses populaires accordaient près de 30% de leur portefeuille de crédit au logement. Dans les années 90 et au début des années 2000, le crédit au logement avait contribué largement au succès et à la notoriété des caisses populaires comme Espoir de Jacmel ou CAPOSAC de Camp Perrin. Elles étaient les rares institutions où un professeur, une infirmière, un jeune avocat pourraient obtenir un prêt à un taux acceptable pour acheter un terrain puis construire progressivement quelques pièces, je ne dis pas maison. 

Cependant dans plusieurs cas, si ce n’est pas la majorité, un crédit au logement ne contribue guère à l’amélioration des conditions de vie de la maisonnée. Généralement, ils construisent eux-mêmes leur logement (ce qui est stressant et qui consomme du temps et de l’énergie), sans utiliser les services d’un ingénieur, parfois aux abords des ravines, sans voie de pénétration, sans accès à l’électricité ni à l’eau potable. Il s’agit de prêt qui appauvrit l'emprunteur. 

Comment pourrait-on avoir une maison décente et à bon prix en Haïti? La BRH en a la solution.

Déjà en 2017, dans plusieurs de ses interventions publiques, le Gouverneur de la BRH, Monsieur Jean Baden  Dubois a eu à présenter la problématique du financement du logement en Haïti. Notons entre autres:
  •  L'interview accordé à l'économiste Kesner Pharel le 2 Janvier 2017 dans le cadre de l’émission intitulée « Rendez-vous économique » du Group Croissance sur les ondes de la Radio et Télé Métropole; 
  • Le  discours lors du sommet international de la finance organisé par le Group Croissance au mois d'Avril 2017; 
  • Le discours à l’occasion du Forum sur la Copropriété tenu  à Port-au-Prince, le 29 juin 2017; 
  • Le  discours lors de la Conférence sur la transformation Économique de la Grand'Anse.
Ce papier présente le besoin de logement en Haïti, les mesures incitatives de la BRH et des perspectives dessinées par la Banque Centrale.

Besoin de crédit au logement

Le gouverneur de la BRH, Monsieur Jean Baden Dubois a présenté le besoin de logement en Haïti lors du sommet international de la finance organisé par le Group Croissance au mois d'Avril 2017. D'après lui, une statistique qui fait autorité, puisque venant de l’Etat haïtien, estimait en 2013, que « la zone métropolitaine de Port-au-Prince à elle seule nécessitera au moins 500,000 unités de logement supplémentaires pendant les 10 prochaines années pour combler le déficit d’avant séisme, pour réparer les dégâts du tremblement de terre et pour répondre à la demande substantielle de logements consécutive au développement urbain.» Il renchérit que d'après une  étude publiée après le séisme de 2010 la demande annuelle venant de la classe moyenne est estimée à 5000 unités. Au  prix unitaire moyen de $75,000 le marché uniquement pour ce segment est de 350 millions de dollars d’investissement résidentiel.
Lors du forum sur la copropriété le 29 Juin 2017, le Gouverneur a affirmé qu'en Haïti, les espaces à usage d’habitation se font de plus en plus rares alors que la population est en augmentation constante. En 2013, poursuit-il, le secteur de l’immobilier a été déclaré prioritaire en vertu des dispositions du Code des investissements afin d’appuyer la politique nationale de promotion des logements. A cet effet des avantages incitatifs ont été accordés aux entreprises éligibles. Malgré ces incitatifs, le Gouverneur reconnait qu'il n’existe pas réellement de projet immobilier majeur à voir le jour dans le pays.

Les mesures de la BRH pour stimuler l'offre du crédit au logement

Dans son discours au Sommet International sur la finance de 2017, le Gouverneur affirme que la Banque Centrale s’attèle à trouver les meilleurs moyens, en termes de montages et de mécanismes financiers, pour amplifier son apport à la mise en branle d’un projet qui reste un objectif majeur de croissance et de développement. En termes de politique de stimulation du crédit en faveur du relèvement du secteur de logement, la BRH a pris des mesures pour exonérer de réserves obligatoires les ressources collectées par les banques et utilisées à des fins de crédit au logement et au secteur hôtelier. De même des protocoles d’accord ont été signés avec certaines banques dans le cadre d’un programme visant à financer, en des termes favorables, l’acquisition, la rénovation ou la construction de logements au bénéfice de clients solvables.
Dans son intervention lors du forum sur la copropriété tenue le 29 Juin 2017, le Gouverneur informe "que, depuis 2011, la BRH, en tandem avec la plupart des banques de la place, exécute avec un certain succès, un programme de refinancement de l’immobilier résidentiel pour stimuler le crédit bancaire au logement, combler le déficit de logement et faciliter l’accès à la propriété. L’idée est essentiellement d’agir sur la disponibilité du crédit, de réduire les coûts financiers des fonds empruntés et de rendre les prêts immobiliers plus intéressants pour les particuliers et pour les institutions financières."
Il affirme que le programme, dénommé Kay Pa’m, a aidé les banques à financer des constructions résidentielles avec :
  •  un taux d’intérêt qui varie entre 8 à 10%
  •  un taux d’intérêt fixe sur 10 ans, et
  •  un financement exclusivement en gourdes.
Le succès du programme Kay Pa’m, d'après le Gouverneur s’est traduit par l’augmentation du nombre d’institutions participantes et des produits hypothécaires offerts à la clientèle. Les dernières données suggèrent une progression significative des prêts à l’immobilier résidentiel, consécutivement à l’expansion de ce programme. La BRH prône un prêt immobilier de 20 ans assorti d’intérêt bonifié de l’ordre de 5% à 6% (Sommet International de la finance, 2017). La BRH finance  les prêts du programme de type Kay Pam à hauteur de 1 à 3% (Le Nouvelliste 07-02-2017)
Le 2 Janvier 2017, dans le cadre des grands Rendez-vous économiques de la Radio Métropole, l'économiste Kesner Pharel le Gouverneur de la BRH, Monsieur Jan Baden Dubois a souhaité que tous aient une maison décente à bon marché et que les prix des loyers baissent. Le gouverneur souhaite l'avènement de développeurs en immobilier. D'après lui, Haïti est un rare pays ou les pauvres construisent leur propre maison. Cette option est couteuse. Avec des développeurs on ferait de l'économie d'échelle et on pourrait occuper une maison dans une zone sécurisé, avec l'eau et électricité garanties.
Dans le sommet international sur la finance, le Gouverneur affirme que la BRH s’est engagée dans des réflexions pour orienter un pan de sa politique du logement vers le financement de promoteurs ou développeurs de grands projets immobiliers au bénéfice des cadres de la fonction publique, des professionnels et de la diaspora haïtienne. Ces projets devraient viser la Construction de complexes d’appartements destinés à la location ou à la vente en copropriété, la construction de villages résidentiels, l’acquisition et la viabilisation de terrains destinés à un projet de logement.

Conclusion

En résumé le besoin de logement en Haïti est énorme. Plus de 500 000 unités sont nécessaires, seulement pour la zone métropolitaine. Un marché de plus de 350 000 000 de dollars. La BRH a des incitatives pour encourager les institutions financière à se lancer dans le crédit immobilier. Le programme Kay Pam en est une. La BRH encourage le financement de développeurs immobiliers avec des projets de construction de complexes d’appartements destinés à la location ou à la vente en copropriété, la construction de villages résidentiels, l’acquisition et la viabilisation de terrains destinés à un projet de logement. Elle prône des taux d'intérêt à un chiffre, bonifiés de 5 à 6 %.
Nonais Derisier, 15 Aout 2019.