Le surendettement en microfinance : un phénomène fatal et suicidaire



Depuis les années 80, la micro finance est présentée comme la solution salvatrice pouvant sortir les pauvres de l'infernale condition de vie, de la pauvreté extrême et de la pauvreté. Depuis les années 2000, on commence à  découvrir, qu’à côté de ses bienfaits, la microfinance peut aussi avoir des effets négatifs, notamment en alimentant les crédits croisés qui aboutissent au surendettement. En 2006, des dizaines d’emprunteurs surendettés se sont suicidés dans l’Etat indien d’Andhra Pradesh. Moustapha Bedouj de la Fondation Banque Populaire du Micro-crédit, constate qu’en 2008, 18% des clients de la microfinance ont au moins deux prêts en cours auprès de deux institutions de micro-crédit. L’Enquête Banana Skins en 2011 révèle que « le risque de crédit constitue la plus forte menace pour le secteur. Il est le reflet du problème croissant de surendettement » (Moustapha 2011). Dans une publication récente, l’Institut français de Pondichéry affirme que le micro crédit produit le surendettement dans 15% des cas, profite à 15% des destinataires et ne change rien à la situation des autres 70%. Le surendettement représente un fléau pour les emprunteurs déjà fragilisé par leur précarité et leur vulnérabilité face à toutes sortes de risque. Il représente une menace pour les Institutions de Micro Finance (IMF) qui se lance dans une concurrence acharné et une bataille agressive pour la conquête du marché avec des produits non diversifiés qui ne tiennent pas toujours compte des besoins et de la réalité de leurs clients, qui eux jouent " aux jonglages" avec des microcrédits, comme un lot quotidien de leur précarité (Isabelle Guérin, La Microfinance et Dérives, 2015).
            Par cette note, j’aimerais apporter une contribution à la compréhension du phénomène de surendettement de sorte à alerter les praticiens et les décideurs de la microfinance sur ce risque pour les prêteurs et les emprunteurs. Ainsi, ils pourraient prendre des dispositions pour limiter ce risque de crédit et prémunir les institutions et leurs membres contre ce phénomène fatal et suicidaire.
            Nous allons d’abord présenter quelques concepts qui faciliteront une meilleure compréhension du phénomène, puis nous aborderons quelques définitions du surendettement avant d’explorer ses causes et conséquences. Enfin nous étudierons les différentes pistes de solutions à apporter à ce fléau.

I.                   Quelques définitions

1.1.            La précarité
            La précarité dans le domaine économique et social est l'absence de sécurité permettant à une personne, à une famille, à un groupe de satisfaire pleinement leurs besoins et de ce fait, ils ne jouissent de leurs droits fondamentaux. La précarité est caractérisée par une forte incertitude sur la possibilité de pouvoir vivre, dans un avenir proche, une condition "acceptable".
            En  Haïti, la  pauvreté demeure  un  phénomène  endémique,  avec  un  taux  national  de 58.5%  en 2012, et un taux de pauvreté extrême de 23.8%. La majorité des jeunes, des femmes, des paysans, des personnes à mobilité réduite vivent dans la précarité en Haïti. Ils ne peuvent subvenir à leurs besoins et ne jouissent pas de leurs droits socio-économiques : accès à la nourriture, au logement, à l’éducation, à la santé, etc.

 1.2.            La vulnérabilité

            D’après le dictionnaire en ligne Toupie, le mot vulnérabilité vient du mot latin vulnerare qui veut dire : blesser, endommager, porter atteinte à, faire mal à, froisser, offenser. La vulnérabilité  caractère de ce qui est vulnérable, fragile et précaire. Le terme "vulnérabilité" s'applique aussi concerne aussi bien des personnes, des groupes humains que des objets ou des systèmes (entreprises, écosystèmes, etc.). La vulnérabilité est l’exposition à la maladie, à des infirmités, à des agressions extérieures, à des évènements personnels (deuil, divorce, déception amoureuse, chômage, licenciement, crise économique, etc.), à des événements naturels  des aléas climatiques (tremblement de terre, éruption volcanique, cyclone, sécheresse).
            Le degré de vulnérabilité dépend de la sensibilité face aux évènements dommageables et de la capacité d'adaptation face à ceux-ci. Pour un être humain, la vulnérabilité peut avoir des conséquences sur son autonomie, sa santé,  son espérance de vie, sa dignité, son intégrité physique ou psychique.
             

1.3.            La pauvreté

            Selon Wikipedia, la pauvreté caractérise la situation d'un individu qui ne dispose pas de suffisamment de ressources matérielles (la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, le logement, ou les conditions de vie en général) et immatérielles (l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens ou encore le développement personnel) pour vivre dignement dans une société.
             Une personne est dans une situation de pauvreté, d'après la Banque Mondiale et l'Institut de Statistique et d'Informatique[1] si elle vit dans un ménage qui n’arrive pas à satisfaire à l’ensemble de ses besoins essentiels. Le seuil de pauvreté adopté par Haïti est égal à une consommation par tête de 81.7 HTG  par jour (soit 2 dollars américains de 2012), qui équivaut aujourd'hui (2016) à 124 gourdes. Le seuil de pauvreté extrême est de 41.6 HTG (1 dollar américain de 2012) qui équivaut à 62 gourdes d'aujourd'hui (2016). Environ 6.3 millions d’haïtiens ne parviennent pas à subvenir à leur besoins de base et près de 2.5 millions n’ont pas les moyens de se nourrir de façon adéquate. Cette situation non-désirable et génératrice de souffrances touche des segments de population dans les pays développés, et la majorité de la population dans certains pays en développement.
            Selon Wikipedia, le risque est la coexistence d'un aléa, les conséquences d’une action ne sont pas totalement prévisibles et d'un enjeu où il y a espoir de gain et/ou crainte de perte. Lorsqu'une personne prend un risque, elle entreprend une action avec un espoir de gain et/ou une possibilité de perte. Toute situation, toute activité peut produire un événement profitable ou dommageable.
             Le risque est défini par la probabilité de l’arrivée de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences. Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel.
             La gestion du risque consiste en l’évaluation et l’anticipation des risques, ainsi qu'à la mise en place d'un système de surveillance et de collecte systématique des données pour déclencher les alertes. Il est tout-à-fait souhaitable que l'entreprise mette en place un dispositif de veille, de manière à détecter les signaux faibles le plus tôt possible.


1.4.            Définition de Risque
            Selon Wikipedia, le risque est la coexistence d'un alea, où les conséquences d’une action ne sont pas totalement prévisibles et d'un enjeu où il y a espoir de gain et/ou crainte de perte. Lorsqu'une personne prend un risque, elle entreprend une action avec un espoir de gain et/ou une possibilité de perte. Toute situation, toute activité peut produire un événement profitable ou dommageable.
             Le risque est défini par la probabilité de l’arrivée de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences. Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel.
             La gestion du risque consiste en l’évaluation et l’anticipation des risques, ainsi qu'à la mise en place d'un système de surveillance et de collecte systématique des données pour déclencher les alertes. Il est tout-à-fait souhaitable que l'entreprise mette en place un dispositif de veille, de manière à détecter les signaux faibles le plus tôt possible.


1.5.            Solvabilité

            Le risque est défini par la probabilité de l’arrivée de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences. Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel.
             La gestion du risque consiste en l’évaluation et l’anticipation des risques, ainsi qu'à la mise en place d'un système de surveillance et de collecte systématique des données pour déclencher les alertes. Il est tout-à-fait souhaitable que l'entreprise mette en place un dispositif de veille, de manière à détecter les signaux faibles le plus tôt possible.
            La solvabilité est la mesure de la capacité d'une personne physique ou morale à payer ses dettes sur le court, moyen et long terme. Toute institution de crédit doit impérativement vérifier la solvabilité de leur client pour avoir une certaine garantie d’être remboursée. Il est moins risqué de prêter à un débiteur solvable que non solvable.
            Pour calculer la solvabilité d'un emprunteur, il faut, d'une part, connaitre toutes ses revenues et toutes ses charges, et d'autre part, son actif et son passif à court terme ou ceux de son entreprise. Si son passif est supérieur à son actif, l'entreprise est dans la difficulté d'honorer ses engagements envers créanciers.

1.6.            Le taux d’endettement

Le taux d’endettement est le ratio qui permet de déterminer le niveau de l’endettement d’une personne et sa capacité à contracter de nouveaux emprunts. Il s’obtient en divisant le total des crédits en cours sur le total des revenus multipliés par 100. Pour certaines institutions le maximum d’endettement doit être de 30 %. Supérieur à ce niveau, il est possible de souscrire à un nouveau crédit et financer un nouveau projet. Si le ratio est supérieur à 30%, il est conseillé et préférable de ne pas souscrire à ce crédit supplémentaire. Pour accorder du crédit, l’IMF devrait absolument connaitre tous les revenus et toutes les dépenses du client de sorte à calculer son taux d’endettement.
            

II.                Le phénomène du Surendettement

2.1.            Définition du surendettement
             Le surendettement est la situation des ménages qui présentent un niveau d’endettement excessif par rapport à leurs capacités de remboursement. Le Dictionnaire de droit privée de Serge Braudo le définit  comme  « la situation dans laquelle se trouvent des personnes physiques dont la situation est caractérisée par l'impossibilité manifeste pour le débiteur de bonne foi de faire face à l'ensemble de ses dettes non professionnelles exigibles et à échoir ».
            Techniquement, selon la définition de la Banque de France, « le surendettement commence lorsque les difficultés financières deviennent insurmontables et s'installent durablement. Le surendettement peut aussi être résumé à l'incapacité de faire face à ses dettes ».
            Le mot surendettement recouvre une situation durablement critique qui a tendance à s'aggraver de fur et à mesure. D’après Ophélie Héliès, dans une étude  réalisée en 2006 pour l’Institut français de Pondichéry en Inde, le surendettement est un phénomène qui arrive rarement de façon  soudaine. Il est le résultat d’un processus progressif, quelquefois conscient, rarement voulu. Il dépend de la vulnérabilité de la personne surendettée. Très souvent, l’emprunteur est  tout d’abord fragilisé par des dépenses bien supérieures à ses ressources et pour lesquelles il contracte des emprunts qu’il espère pouvoir gérer.  L’endettement devient incontrôlé et les ménages tombent dans le  surendettement. Il s'agit d'un cercle vicieux où "Parfois ces microcrédits se cumulent avec les crédits informels; les uns sont utilisés pour rembourser les autres et vice, versa. Ces pratiques de jonglage font partie du lot quotidien des populations précaires (Guerin, 2015).


[1] [1] Pauvreté à Haïti: Éléments méthodologiques, Juillet 2014 Cette note a été produite par l’équipe de la Banque Mondiale ne collaboration avec ONPES, IHSI, FAES et CNSA.