L'ASSEMBLEE GENENRALE DE LA 64 ème ANNEE DE LA CAISSE POPULAIRE SAINTE ANNE
Le dimanche 1er Mars 2015, les dirigeants de la Caisse Sainte-Anne de
Port-au-Prince (CPSA) ont tenu, conformément à la loi et à la philosophie
coopérative, leur assemblée générale. Dans un auditorium flambant neuf,
propriété de la caisse, plus de 300 membres ont répondu à l’invitation des
dirigeants pour exercer leurs devoirs et jouir de leurs droits de
coopérateur : recevoir les rapports des dirigeants et participer à la
prise des décisions pour le bon fonctionnement de leur caisse. Au menu de cette assemblée : la présentation
des rapports, la répartition des trop-perçus, la modification des statuts
et des règlements internes et l’élection
des nouveaux dirigeants.
Le Président, dans son discours de bienvenue, à présenter la signification
de l’assemblée générale qui est à la fois un exercice de bilan pour présenter
la situation globale de la caisse, un exercice de reddition des comptes et un
moment qui permet de jeter un regard sur
l’avenir. Aussi, le Président a-t-il souhaité
que les décisions prises dans cette assemblée puissent contribuer « à
l’amélioration des services offerts avec des retombées positives sur les
conditions de vie et sur les affaires des sociétaires. »
Dans son rapport, le conseil d’administration par la voix du président, de
la vice-présidente, la seule femme dirigeante, et la directrice, ont présenté
les principales réalisations et les performances de la caisse. Entre autres, la
CPSA a, au cours de cette année, achevé
la construction de son auditorium, acquis
des livres et autres matériels nécessaires à la mise en place de la
bibliothèque d’Edouard Tardieu…
Le président déplore la situation économique morose du pays et de la
non-reprise des activités commerciales dans la zone d’influence de la CPSA,
le centre-ville de Port-au-Prince. Néanmoins la moisson a été bonne pour la
caisse qui a enregistré de très bons résultats. Elle a eu 2800 nouveaux membres
qui portent son effectif à 15642 sociétaires. Son épargne a connu une
croissance de 14% et s’élève à près de soixante-six millions cinq cent mille
(66 500 0000) gourdes. Le portefeuille de crédit s’élève à un peu plus de
quarante-huit millions (48 000 000) de gourdes, et accuse une croissance de 18 %
par rapport au portefeuille de l’année antérieure. La caisse accumule un avoir
de vingt-deux millions (22 000 000) de gourdes sur un actif de
quatre-vingt-seize millions cinq cent mille (96 500 000) gourdes. Son taux de
capitalisation s’élève donc à 23 %. La caisse a engrangée cinq millions cent
douze mille (5 112 000) gourdes d’excédent : cela signifie après avoir
couvert toutes ses dépenses, elle lui reste plus de cinq millions de gourdes représentant
5.30% de son actif. La CPSA est solide
avec un coussin de sécurité de 23% de son actif, presque le double du minimum
exigé par la BRH, elle est très rentable et son bilan croît chaque année.
Après la présentation des différents
rapports, la parole revenait aux sociétaires pour questionner les dirigeants et
soumettre leurs doléances. Un vrai
exercice démocratique. Les dirigeants ont répondu aux questions, se sont
excusés sagement quand il fallait le faire. Parmi les questions, un sociétaire
avait demandé quelle bénéfice revenait aux membres et a demandé si la caisse ne
peut pas au moins diminuer le taux d’intérêt ne serait-ce que pour les anciens
membres. Plusieurs dirigeants se sont montés au créneau pour expliquer au dit membre
que dans les coopératives toutes les sociétaires ont les mêmes droits. Le sociétaire
s’est revenu à la charge pour citer le mot ristourne. Mais la question n’a pas été
sérieusement débattue. Tout de même, les dirigeants ont fait preuve de sagesse.
Agronome Richard Bercy |
De très hautes personnalités du monde des caisses populaires ont participé
à cette assemblée à titre d’invités spéciaux. Parmi eux, le président de la
fédération Le Levier, l’Agronome Richard Bercy, la Directrice de l’ANACAPH, Mme
Yolène Jacquet, l’ex-directeur du CNC et actuel membre du conseil
d’administration de la KOTELAM, M Frantz Prinvil. M Durocher, l’ex-directeur pour Développement
International Desjardins du Projet de Revitalisation du Mouvement des
Coopératives Haïtiennes qui fut l’artisan de la révolution des caisses
populaires haïtiennes par la professionnalisation de ce secteur, a été du
nombre des invités spéciaux.
M Bercy a félicité les dirigeants de la CPSA, particulièrement les membres du comité de surveillance qui se
sont, entre autres, intéressés à mesurer la satisfaction des membres. Il a
aussi abordé le sujet de la participation de Le Levier à la chambre de
compensation. « Nous allons y participer au même titre que les banques et
offrir les mêmes services qu’elles, sans pour autant ressembler à ces dernières. Nous garderons
notre philosophie et nos valeurs coopératives, martèle-t-il. »
De son côté Frantz Prinvil, avec l’humour dont lui seul en a le secret, a
rappelé que la Caisse Sainte-Anne fut
créée en 1951 par les plus hautes figures de l’histoire du mouvement coopératif
haïtien : Edouard Tardieu, Père Lespinasse, Docteur Bijoux… D’autres personnalités comme Mme Jacquet de l’ANACAPH et un dirigeant de la
SOCOLAVIM ont aussi pris la parole pour féliciter et encourager toutes les
parties prenantes.
La Caisse Populaire Sainte-Anne de Port-au-Prince a 64 ans. Elle est une grande caisse populaire. Elle
prouve qu’on ne mesure pas la grandeur d’une caisse de par la taille de son
actif financier. Mais de par son histoire
et surtout de par sa volonté de ne pas se démutualiser par la perte de
son âme coopérative, de par sa volonté de placer le social au cœur de ses
actions. La CPSA s’est dotée d’un comité
qui s’occupe du sociale. Elle construit une bibliothèque coopérative et
planifie la création d’une école pour former des coopérateurs.
La CPSA comme toutes les caisses sont attirées par le syndrome la
croissance et l’innovation, mais elle reste attachée à la philosophie première,
elle reste fidèle à l’esprit des Tardieu, Lespinasse, Bijoux et consort. L’Agronome
Roosevelt Compère, un ancien de l’ancienne Sainte-Anne est justement bien placé
pour faire le pont entre la CPSA conservatrice
des valeurs coopératives et la CPSA qui aspire au changement et à la modernité.
Elle prouvera qu’une caisse peut se moderniser sans vendre son âme coopérative.
CPSA est grande caisse populaire, un patrimoine national.
Chapeau à tous les dirigeants ! Chapeau à l’Agronome Roosevelt Compère !
Chapeau à la Directrice Mme Marjorie Louissaint ! Elle a la lourde
responsabilité de la mise en application des politiques et des décisions du
Conseil d’Administration.
Nonais Derisier
7 Mars 2015