Haïti-Coopérative
600 000 coopérateurs et 4 milliards de
gourdes d’actif : les Coopératives haïtiennes, une force économique,
sociale et politique.
La République d’Haïti s’enlise dans une
crise politique conjoncturelle sur fond de crise structurelle. Pour sortir de
la partie conjoncturelle de cette crise en aboutissant à des élections, le
Président de la République a signé un accord avec des partis et particules
politiques le 11 Janvier 2015. L’article 3 de cet accord stipule
que « Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) sera constitué selon
l’esprit de l’article 289 de la Constitution […]. Pour y parvenir les membres
du CEP seront proposés par divers secteurs de la société civile haïtienne
… ».
L’article 5 de cet accord
liste les entités à faire partir de ce CEP et omet le secteur coopératif. L’article 289 de la constitution de 1987 exige qu'un des neuf membre du CEP soit proposé par le Conseil National des Coopératives. Etant donné que le CNC est un organe du gouvernement, en 1987 et en 1990, un représentant du
secteur coopératif avait siégé au CEP. Dans ces deux CEP, ce poste a été occupé
par Philippe Jules, membre de la Caisse Populaire Petite Epargne de La vallée
et fondateur de la caisse Espoir de Jacmel.
L’accord
du 11 Janvier, omettant le secteur coopératif de la liste des secteurs proposés
pour la constitution du CEP, est une violation de la lettre et de l’esprit de
la constitution mais aussi un déni et une non-reconnaissance du
secteur coopératif haïtien.
En Haïti, près de 200
coopératives sont enregistrées auprès des autorités compétentes dont près de 50
Caisses Populaires et de 150 coopératives non financières, agricoles en grande
partie. Probablement, il y aurait autant de coopératives fonctionnant sans
autorisation. Les coopératives agricoles évoluent non seulement dans des secteurs
stratégiques comme le café, le cacao, la mangue, mais aussi dans des filières
liées à la sécurité alimentaire comme le riz et la culture maraichère.
L’ensemble des coopératives haïtiennes
représenteraient plus de 600 000 membres soit près de 10 % de la population
âgée de 18 ans et plus. En 2011, les caisses populaires avaient plus de 600 000
déposants (Lhermite Francois: Recensement de la Microfinance 2010-2011). Les
Caisses Populaires auraient un actif qui dépasse les quatre milliards de
gourdes avec plus de deux milliards en crédit, entre
autres, dans la production agricole, dans des prêts au logement dans un pays où
les banques ne font pas du crédit à la production en générale ni à la
production agricole en particulier, martèle souvent le Gouverneur de la BRH.
Le secteur coopératif représente un pan
important de l’économie haïtienne et mérite d’être reconnu comme l’ACI
(Alliance Coopérative Internationale) et l’ONU reconnaissent la contribution des Coopératives à la
réduction de la pauvreté, la création d’emplois et l’intégration sociale, et
pour qui les coopératives sont des entreprises pouvant
contribuer à l’avènement d’un monde meilleur.
Les coopératives haïtiennes représentent
des bougies allumées dans les ténèbres du marasme de l’économie haïtienne. Que
la nation sache combien ses coopératives sont utiles et combien elles
contribuent à la création de richesse dans le pays ! Que la
nation se mette à l’école des Coopératives pour apprendre des leçons de
modernité, de gestion transparence, de reddition des comptes, de responsabilité
sociale et économique et de démocratie !
Aux responsables des coopératives, il
est temps de vous vous unir dans une grande Alliance Nationale
Coopérative (ANC) pour promouvoir le mouvement et faire reconnaitre son poids
social, économique et aussi politique ! 600.000 coopérateurs ! Nous
devrions représenter une force capable de faire balancer la nation
dans la direction du développement économique, sociale et politique durable.
Un pour tous et tous pour un !
Nonais Dérisier
12 Janvier 2015