Introduction : Les caisses populaires se développent presque seules sur un terrain où les besoins sont multiples.
En Haïti, les caisses populaires ont connu un développement spectaculaire pendant ces quinze dernières années. La CAPOSAC de Camp Perrin avait moins de 7 millions de gourdes d’actif en 1998. Aujourd’hui, elle commence à devenir une force financière avec un actif de plus de 400 millions de gourdes. Une croissance de plus de 5000 pour cent en 14 ans. Quant à la COOPECLAS du Centre, elle avait, à sa création en 1998, 44 538 gourdes d’actif et 159 663 l’année suivante. Au 30 Septembre 2012, son actif s’éleva à 209 millions de gourdes. Pour la même période, l’actif de SOCOLAVIM de l’Artibonite passa de 7 336 340 gourdes à 347 843 577. Avec quelques différences près, la situation est le même pour les Caisses Populaires Espoir de Jacmel, CAPOSOV de Verrette, CPF du Nord, KPEGM de Gros-Morne, CAPAJ de Jérémie, de KOTELAM pour ne citer que celles-là. La valeur de ces caisses populaires ne réside pas seulement dans la croissance de leur actif, mais aussi et surtout dans l’utilisation faite de l’épargne collectée. 40 à 60% de leur actif est consacré au crédit. Leur portefeuille de crédit est diversifié. La CAPOSAC, à titre d’exemple, pour l’exercice se terminant au 30 septembre 2011, octroyait 51 % de son crédit au commerce et au service, 25 % au crédit agricole, 20% au crédit au logement, 2 % à la consommation et 1,5 % à l’éducation.
La population n’a pas seulement besoin de services financiers. Ses besoins étant multiples, il lui faudrait plusieurs types de coopérative pour les satisfaire. Elle a donc besoin des entreprises coopératives de consommation, de travail, de production agricole, de services funéraires, de soins de santé, de transport moderne, de services scolaires et j’en passe.
Dans cet essai, est présentée toute une pléiade d’entreprises qu’on pourrait créer avec la formule coopérative pour satisfaire les besoins de la population. Plusieurs catégorisations sont définies en fonction de critères spécifiques. Cette présentation est appuyée par des exemples concrets tirés des expériences autant des pays du nord que des pays du sud.
I. CRITERES DE CATEGORISATION DES
COOPERATIVES POUR BIEN COMPRENDRE ET AGIR
La
nature ou le type de coopérative dépend de la nature des relations ou du lien
d’usage que les membres, appelés sociétaires, entretiennent avec leur
coopérative. Pour déterminer le lien d’usage qui nous donne le type de
coopérative, il suffit de répondre à la question suivante : pourquoi fréquentez-vous
votre coopérative ? Vous fréquentez vote coopérative soit pour
consommer soit pour produire ou pour travailler. Ce critère nous donne trois
types de coopérative : la coopérative de consommation, la coopérative de
production et la coopérative de travailleurs. Le type de coopérative est donc
caractérisé par l’uniformité du sociétariat. Pour s’inscrire dans une
coopérative, il faudrait donc avoir le besoin du service qu’offre cette dernière.
Cette réalité a beaucoup évoluée.
Il existe aussi
d’autres critères de différenciation des coopératives: la situation géographique
(coopératives urbaines et coopératives rurales), le sexe (coopératives de
femmes), la profession des membres (coopératives d’agriculteurs, coopératives
d’artisans), etc. On catégorise
aussi les coopératives par référence à un type pris pour modèle en fonction de sa position dominante. Dans
certains pays, quand les coopératives agricoles sont majoritaires, on divise le
mouvement en coopératives agricoles et coopératives non agricoles. Aujourd’hui,
en Haïti, on a tendance à diviser les coopératives en deux grandes
catégories : les coopératives financières et les coopératives non
financières parce que les caisses populaires dominent dans le panorama du
mouvement coopératif haïtien. En fait, les
coopératives opèrent dans tous les secteurs de l’économie. Compte-tenu de la
grande variété des secteurs dans lesquels les coopératives opèrent et peuvent opérer,
il est difficile de faire une liste exhaustive de tous les types de
coopératives qui puissent exister. Pour simplifier l’analyse, nous choisissons
ici comme critère, l’objectif principal des membres de la coopérative. En
effet, les membres s’adhèrent à leur coopérative pour deux grandes raisons : soit pour bénéficier
de services en fonction de leurs besoins, soit pour d’obtenir un emploi (BIT, Guy Tchami,
Service des Coopératives, 2004). Il existe donc deux grandes catégories de
coopératives : les coopératives de services et les coopératives de travail.