Dans une économie au bord de la récession, les banques haïtiennes ont tiré leur épingle du jeu et engrangé 6.64 milliards de gourdes selon l’économiste Pierre Marie Boisson



L’économiste Pierre-Marie Boisson

Le Cabinet Conseil en Stratégie et Management (EGM) a organisé ce 18 Mars 2020 un cocktail débat à l’hôtel El Rancho de Pétion-Ville sur le thème « Économie Haïtienne conjoncture et perspectives pour les entreprises » traité par Pierre-Marie Boisson, l’économiste en chef de la SOGEBANK. 

Pour Pierre-Marie Boisson, 2019 a été l’année de toutes les incertitudes sur le plan international et national. La réalité haïtienne a été marquée par une Croissance de -1.2 (FMI) ou 0.9 (Banque Mondiale), par une  inflation de 17.5 % au mois d’aout 2019, l’instabilité politique, l’insécurité...
Le marché des transferts est l’un des rares domaines où Haïti a enregistré une croissance. En effet, les transferts ont cru de 8.5%, passant de 2.8 milliards de dollars à 3.04 milliards de dollars. Cette somme représente, d’après Pierre-Marie Boisson, près de 10% des revenus des Haïtiens à l’étranger, qui gagneraient aux environs de 30 milliards de dollars l’an. 

60% de la population haïtienne vit des transferts. Malheureusement, il s’agit d’un revenu sans contrepartie, et ils sont utilisés surtout pour financer des importations. Toute croissance au niveau des transferts se traduit par une augmentation du niveau des importations, souligne l’économiste. 

Pour l’exercice écoulé Haïti a importé 4.13 milliards de biens et 972 millions de services. Les services représentent les dépenses des touristes haïtiens à l’étranger. M. Boisson précise que les touristes haïtiens dépensent  plus à l’étranger que les touristes étrangers en Haïti. 

Par ailleurs, les banques ont tiré leur épingle du jeu. Elles ont engrangé 6.64 milliards de gourdes avec 30% d’augmentation par rapport à l’année précédente. Cette performance est due à la diversification de leurs actifs et de leurs sources de revenu. 

Les banques investissent dans les transferts, le change, l’immobilier, les assurances, les produits pétroliers, et même les produits alimentaires. L’épargne de la population est utilisée par les banques dans la spéculation et le commerce. Cela nous donne un système bancaire performant dans une économie moribonde, un système financier déconnecté du système réel ou productif.

Le marché des transferts est contrôlé par le SOGEXPRESS de la SOGEBANK avec 27% de part du marché, soit plus de 800 millions de dollars. Une belle manne !

Monsieur Boisson a présenté des perspectives pour l’année 2020. L’économiste a affiché son optimiste malgré un horizon assombri entre autres par le coronavirus. Selon ses projections, l’inflation ne dépasserait pas 17%, légèrement moins élevé que l’année dernière. Le transfert augmenterait de 7%, le tourisme de 15%, les exportations de 15%...

L’économiste dans sa boule de cristal, voit que la gourde perdrait encore de la valeur, on aurait besoin de 110 gourdes pour un dollar à la fin de l’année 2020. Deux raisons entre autres expliquent cette tendance. L’anticipation : avec l’appréciation du dollar, l’agent économique conserve ses dollars, ce comportement créera de la rareté et l’augmentation du taux de change. Le gouvernent  aura recours à la planche à billet pour financer son déficit budgétaire qui aura un impact sur la décote de la gourde.

Le débat a été modéré par Emmanuela Douyon, jeune économiste qui commence à avoir une certaine notoriété à cause de ses engagements politiques pour une gestion saine des affaires de la cité.
Pierre-Marie Boisson et Emmanuela Douyon
Nonais Derisier
22 Mars 2020