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L’économiste Pierre-Marie Boisson |
Pour Pierre-Marie Boisson, 2019 a été l’année
de toutes les incertitudes sur le plan international et national. La réalité
haïtienne a été marquée par une Croissance de -1.2 (FMI) ou 0.9 (Banque
Mondiale), par une inflation de 17.5 %
au mois d’aout 2019, l’instabilité politique, l’insécurité...
Le marché des transferts est l’un des rares domaines
où Haïti a enregistré une croissance. En effet, les transferts ont cru de 8.5%,
passant de 2.8 milliards de dollars à 3.04 milliards de dollars. Cette somme
représente, d’après Pierre-Marie Boisson, près de 10% des revenus des Haïtiens
à l’étranger, qui gagneraient aux environs de 30 milliards de dollars l’an.
60% de la population haïtienne vit des
transferts. Malheureusement, il s’agit d’un revenu sans contrepartie, et ils
sont utilisés surtout pour financer des importations. Toute croissance au
niveau des transferts se traduit par une augmentation du niveau des
importations, souligne l’économiste.
Pour l’exercice écoulé Haïti a importé 4.13
milliards de biens et 972 millions de services. Les services représentent les
dépenses des touristes haïtiens à l’étranger. M. Boisson précise que les
touristes haïtiens dépensent plus à
l’étranger que les touristes étrangers en Haïti.
Par ailleurs, les banques ont tiré leur épingle
du jeu. Elles ont engrangé 6.64 milliards de gourdes avec 30% d’augmentation
par rapport à l’année précédente. Cette performance est due à la
diversification de leurs actifs et de leurs sources de revenu.
Les banques investissent dans les transferts,
le change, l’immobilier, les assurances, les produits pétroliers, et même les
produits alimentaires. L’épargne de la population est utilisée par les banques
dans la spéculation et le commerce. Cela nous donne un système bancaire
performant dans une économie moribonde, un système financier déconnecté du
système réel ou productif.
Le marché des transferts est contrôlé par le SOGEXPRESS
de la SOGEBANK avec 27% de part du marché, soit plus de 800 millions de
dollars. Une belle manne !
Monsieur
Boisson a présenté des perspectives pour l’année 2020. L’économiste a
affiché son optimiste malgré un horizon assombri entre autres par le
coronavirus. Selon ses projections, l’inflation ne dépasserait pas 17%,
légèrement moins élevé que l’année dernière. Le transfert augmenterait de 7%,
le tourisme de 15%, les exportations de 15%...
L’économiste dans sa boule de cristal, voit que
la gourde perdrait encore de la valeur, on aurait besoin de 110 gourdes pour un
dollar à la fin de l’année 2020. Deux raisons entre autres expliquent cette
tendance. L’anticipation : avec l’appréciation du dollar, l’agent
économique conserve ses dollars, ce comportement créera de la rareté et
l’augmentation du taux de change. Le gouvernent
aura recours à la planche à billet pour financer son déficit budgétaire
qui aura un impact sur la décote de la gourde.
Le débat a été modéré par Emmanuela Douyon,
jeune économiste qui commence à avoir une certaine notoriété à cause de ses
engagements politiques pour une gestion saine des affaires de la cité.
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Pierre-Marie Boisson et Emmanuela Douyon |
Nonais Derisier
22 Mars 2020